Afin de mieux étayer cette thèse de l'humanité comme préjugé, nous nous alignerons sur la démarche de Condillac à savoir observer l'animal pour mieux caractériser l'homme.
Cette observation amène à penser que l'animal et l'homme ont le même socle commun, mais que ce dernier est néanmoins bien supérieur au premier. Le but du "Traité des Animaux" est de revaloriser l'animal (...)
[...] La démarche dans cette œuvre et en quelque sorte inverse à celle de Condillac, puisqu'au travers les yeux de l'animal, c'est l'homme qui est étudié et observé. Cette personnification de l'animal rend son argumentaire plus puissant et pertinent aux yeux du lecteur. D'ailleurs ces observations de l'homme par l'animal ont conduit à la dévalorisation de l'homme par lui-même et à la valorisation indirecte de l'animal par l'homme. Gregor ainsi transformé en cafard est contraint par sa famille de rester enfermé dans sa chambre par souci de ne pas apercevoir ‘'ce montre''. [...]
[...] En effet, seule sa raison humaine reste intacte à la métamorphose. Ainsi, si par cet exemple l'animalité ne peut être caractérisée de préjugé, l'humanité ne peut l'être non plus. De plus cette citation d'un animal savant parler est très orgueilleuse et vaniteuse. L'animal en question affirme que son espèce ne souffre d'aucun préjugé, alors que l'espèce humaine en souffre. N'est-ce pas émettre en quelque sorte, un jugement non fondé sur l'humanité ? Ne fait-il pas preuve en cette occasion de préjugés à proprement parlé ? [...]
[...] Accréditer cette citation aux animaux à proprement parler, reviendrait à leur accorder à la fois des qualités morales, et le désir d'en avoir. In fine, les animaux peuvent-ils être qualifiés d'êtres moraux ?Peuvent-ils à proprement parler désirer ? Où commence la distinction homme/animal ? A fortiori où finit-elle ? [...]
[...] Or, l'activité de l'âme humaine est due elle au désir et à la curiosité au-delà des goûts et des connaissances acquises. Le bonheur et le malheur sont pour l'homme liés au moral qui est prédominant. Condillac sous- entend ainsi sans démarche purement scientifique que les animaux ne sont pas des êtres moraux et qu'ils ne possèdent pas de connaissances théoriques contrairement aux hommes. Il caractérise d'ailleurs l'homme capable de perfectibilité, c'est-à-dire d'atteindre une perfection achevée tandis que l'animal lui n'est capable ‘'que'' de perfectionnement. [...]
[...] Ces fables ont alors des vertus éducatives et instructives attribuant des qualités morales aux animaux. D'après Giorgio Agamben, un philosophe italien : l'homme est un animal qui se reconnaît ne pas l'être''. Ainsi si l'humanité est un préjugé, l'homme étant caractérisé par l'animal, alors l'animal est également un préjugé. La prétendue supériorité de l'animal sur l'homme quant-à la caractérisation de préjugé n'est qu'abnégation. L'animal en tant que tel ne peut faire preuve d'orgueil et de vanité car ce sont des sentiments purement humains. [...]
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