Au sens premier, l'adjectif « humanitaire » désigne toute action, ou toute institution qui vise au bien de l'humanité. Cette définition possède une dimension morale qu'on retrouve dans l'idée de philanthropie souvent associée à celle de l'humanitarisme. Le philanthrope est en effet celui qui, par amour (philos) de l'humanité (anthropos), va œuvrer pour le bien de son prochain.
Dans un sens plus moderne, on appelle action humanitaire l'ensemble des initiatives prises par une association pour secourir une population ayant besoin d'une aide d'urgence, aide fortement médicalisée, et survenant à la suite d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle (épidémie, famine, tremblement de terre etc.).
Certes, l'action humanitaire ne se réduit pas aux seules interventions à caractère médical, et toutes les grandes associations caritatives peuvent revendiquer ce label si l'on entend par cet adjectif une action bénévole en vue d'aider des personnes en difficulté. Pourtant, l'usage veut qu'on réserve le titre d'action humanitaire en priorité aux situations d'urgence médicale.
La complexité du débat théorique sur la définition et la délimitation de l'action humanitaire, nous offrent un aperçu de la difficulté que peut représenter ce même débat sur le plan pratique. En effet, si l'aide humanitaire est fille de générosité et de désintéressement, elle représente de très gros enjeux moraux, politiques, humains, sociaux, économiques etc., qui peuvent la rendre très fragile et parfois même la dénaturer.
Le cœur du débat humanitaire, qui nous intéresse ici, repose sur le fait de savoir pourquoi les idéaux si nobles qu'elle défend sont si fragiles. En d'autres termes, qu'est ce qui fait que l'action humanitaire, alliant l'altruisme et la nécessité de répondre à la détresse des plus démunis, entraîne presque inévitablement déviances, abus et détournements?
Pour tenter de trouver des éléments de réponse à cette question, il convient d'abord de comprendre pourquoi l'humanitaire est ce qu'il est aujourd'hui, à la lumière de son histoire, ce qui nous permettra par la suite de voir combien il est difficile, dans des milieux dangereux, corrompus, et devant l'impuissance politique à trouver des solutions, de comprendre les besoins des populations et d'éviter tout dérapage. Enfin notre troisième partie, où nous aborderons les thèmes de la conscience, de la morale et de la générosité, aura une approche plus philosophique du problème.
[...] Le rôle du pouvoir militaire dans la politique mondiale est donc ambigu, puisqu'il est à fois la principale menace pesant sur la vie et l'ordre, et l'instrument de leur défense. Si l'intervention semble être un dilemme auquel il est difficile d'apporter une réponse, il n'en est pas moins présent au cœur du débat humanitaire. Bien au contraire, les débats sur l'intervention ont pris une importance qu'ils n'avaient pas à l'époque de la guerre froide, alors même que l'intervention était omniprésente. [...]
[...] Si l'on regarde la cas de la France en terme de dons privés, elle se situe aujourd'hui au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Bien que ces associations aient pour principe d'être non gouvernementales, la part des sommes versées aux ONG et autres organismes humanitaires par les Etats, les ministères ou les institutions internationales, est devenue de plus en plus importante. Globalement, de à peine au début des années 1970, elle dépasse désormais pour atteindre 75% voire 80% dans le budget de certaines ONG. Et les missions des associations se multipliant et s'intensifiant, leur dépendance financière à l'égard des fonds publics s'accroît. [...]
[...] Ces opérations s'appuient alors sur un nouveau concept, le droit d'ingérence, défini en 1991 au nom des principes humanitaires. Ingérence qui n'appartient plus aux seules ONG et débouche sur une situation nouvelle. Cet humanitaire d'Etat brouille les cartes ; l'humanitaire entre dans une période de confusion. L'intervention dans le cadre de conflits est au cœur du débat humanitaire puisqu'elle soulève le problème de l'ingérence et de la souveraineté des Etats, ainsi que des problèmes moraux, que nous aborderons dans une deuxième partie. [...]
[...] Pour les agences de communication, l'humanitaire est un secteur porteur. Problème : peut-on vendre la misère humaine comme une simple lessive ? L'utilisation de certaines images, de mots chocs particulièrement culpabilisateurs ou manipulateurs est-elle moralement justifiable ? Quelques affiches ont donné lieu à polémique. Si bien que certaines ONG préfèrent ne plus confier leur communication aux grandes agences de publicité. Ainsi MSF qui, en 1986, refuse ce professionnalisme se résumant à un axiome de base : jouer sur les ficelles les plus abjectes émotion, culpabilisation pour faire rentrer le pognon Pour autant, le business humanitaire s'emballe toujours. [...]
[...] Nouveauté par rapport à la SDN, l'organisation se dote de véritables institutions politiques et prévoit l'usage de la force armée pour prévenir les conflits ou ramener la paix dans une région en guerre. Mais son organe décisionnaire, le Conseil du Sécurité, se retrouve paralysé, du fait du droit de véto, durant la guerre froide. L'ONU, critiquent certains, n'est alors qu'un machin privé de tout pouvoir. Ces difficultés vont tout de même tenter d'être maîtrisées dans la période post communiste des années 1990, marquée par la volonté des grandes puissance d'imposer un nouvel ordre mondial et par un retour des Etats sur le front humanitaire. [...]
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