Hommes, vie en société, intérêt, lien social, fondements de la société, besoins, désirs, communauté d'intérêt
Au début des Politiques, Aristote dit que l'homme vit naturellement en société, que celui qui vivrait seul serait ou bien un dieu ou bien une bête sauvage. Nous approuvons souvent cette vision des choses en affirmant que la société apporte à l'homme bien plus que ce que ne peut lui procurer la nature, que ce soit au niveau de la sécurité que de la culture. Un homme qui ne vivrait pas dans une société serait alors un homme possédant une connaissance complète, exhaustive du monde qui l'entoure, ce qui est impossible, d'où la comparaison avec un dieu ; ou bien un cynique à la façon de Démosthène, qui se vanterait de vivre comme un chien, par refus des artifices et des conventions. Seulement, au fil des siècles, ce dernier cas de figure reste minoritaire et singulier, alors que diverses sociétés s'épanouissent aux quatre coins du monde.
[...] Si nous acceptons de penser aux autres, et d'agir en fonction de l'intérêt de l'ensemble, c'est pour pouvoir y trouver notre compte. La société tient donc sur une base qui est la réciprocité des intérêts de tous et de chacun : si je ne participe pas à la satisfaction de la volonté générale, je ne pourrait pas satisfaire mes désirs. Mais il n'y a pas que l'intérêt comme assouvissement des désirs qui règle la société. Vivre en société apporte quelque chose à tous les hommes, cela ne fait pas que supplée à des déficiences naturelles. [...]
[...] Qu'est-ce qui a réuni les hommes pour former une société ? Nous pouvons considérer que la famille est la première société, car elle regroupe les membres d'un même sang ayant une nécessité à vivre ensemble : les bébés et les enfants sont incapables de subvenir tout seuls à leurs besoins, de même que les personnes âgées n'y arrivent plus et ont besoin qu'on les aident. Une société repose donc sur l'incapacité de chacun de ses membres à être autosuffisant, elle est faite d'un tissu de relations et de dépendances des hommes entre eux. [...]
[...] Pour pallier à ce problème de dissociation, aussi naturel que celui de l'association, chaque société a instauré des lois qui lui sont propres : une loi valable dans telle société sur tel continent, à telle époque, ne pourra l'être autre part et n'importe quand. Ces règles et institutions norment les relations de chacun des membres de la collectivité, son comportement vis-à-vis des autres. La société peut alors être assimilée à une machine, ses différentes parties - les hommes, les lois - sont comme des rouages. Tous finissent par dépendre des uns des autres. Les hommes ne peuvent survivre sans les lois, les lois n'ont aucun sens si elles ne sont pas obéis par les hommes. [...]
[...] Ces besoins sont satisfaits lorsque l'homme vit en dehors de la société, mais sans le confort que peut apporte la société, et il leur manque autre chose. L'échange intervient aussi, car l'homme a besoin d'échanger, ne serait-ce que des paroles - c'est pour cela qu'il est doté d'un langage articulé - et a donc besoin de vivre en société pour assouvir ce désir de sociabilité. Toutefois, la société comme pure réunion d'intérêts personnels est une société vacillante, instable: chacun est mû par son propre intérêt, mais il n'est pas forcément tout à fait identique à celui du voisin. [...]
[...] Elle est fille d'une impulsion spontanée, d'une sociabilité innée et naturelle. Et n'y a-t-il pas des sociétés au contraire qui sont fruits d'une longue réflexion, d'un raisonnement ? Déjà, une société regroupant des hommes ayant les mêmes valeurs, les mêmes croyances, la même culture serait une société non naturelle, car non innée, et conviendrait à cette définition. En effet, croyances, culture, valeurs sont les résultats de multiples recherches, de multiples tâtonnements aussi bien dans la religion, l'art que dans la politique - pensons aux valeurs républicaines. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture