Echange entre hommes, philosophie, impossibilité de communication, Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, échanges langagiers, échanges polysémiques, communication humaine, langage, Levi-Strauss, Durkheim, Mauss
Dans la pièce "Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce, le personnage principal, Louis, retourne dans sa famille après douze ans d'absence afin d'annoncer sa mort prochaine. Malgré des discussions, sa mère, son frère, sa belle-soeur et sa soeur ne comprennent pas le message de Louis qui tente en vain de trouver les mots nécessaires à l'aveu. Finalement, il ne parvient pas au terme de sa démarche. Cela donne une pièce disjointe, où la parole est découpée, hésitante. La discussion, le dialogue n'autorise pas l'échange véritable dans la mesure où ce que Louis veut échanger ne peut se manifester.
On voit donc qu'entre les hommes les échanges ne se limitent pas aux échanges marchands : il y a également des échanges langagiers, des échanges symboliques, etc. L'échange est donc polysémique : on peut le définir comme un mouvement de biens, de service ou d'informations réciproque entre au moins deux individus qui reconnaissent cet échange, qui sont consentants et réceptifs à cet échange. Nous voyons avec Lagarce que l'échange linguistique peut être un échec et ne pas se produire. L'échange est impossible ici : il ne peut se produire dans l'expérience. Ce qui est possible est ce qui peut se vérifier dans l'expérience. L'impossibilité d'un échange, comme celui qui est censé avoir lieu entre Louis et sa famille, indique-t-elle que l'échange entre les hommes est impossible ?
[...] Échange marchand dépend de volontés individuelles que l'on observe au niveau micro : l'échange est donc possible si des volontés individuelles se rencontrent. Mill met en évidence le fait que les hommes préfèrent toujours un gain supérieur à un gain moindre. Il y a l'idée d'un homo œconomicus qui voit dans les échanges un moyen d'augmenter sa richesse. Ainsi les hommes ont des volontés individuelles qui les poussent à échanger selon des modalités différentes. En toute situation, l'homme peut échanger pour s'enrichir. L'échange est possible si les deux volontés individuelles se mettent d'accord. Si pour chaque individu le gain est intéressant. [...]
[...] Ainsi, comme la société est organique, pour survivre il faut échanger des biens. C'est donc une contrainte extérieure de la société. Échange = fait social. De plus pour échanger des biens, il y a certaines conventions Donc on voit bien comment les échanges sont plus nécessaires que possible dans la mesure ou suggère qu'il peut autant être que ne pas être dans les faits. C. L'échange n'est pas toujours possible : chez les Mélanésiens, il est imposé. Mauss montre le système du don/contre don. [...]
[...] nous voyons donc comment l'échange, bien que possible dans l'expérience, est paradoxal : l'échange repose sur un accord préalable des partenaires qui définissent ce qui va être échangé. Or on voit que ce qui est échangé est forcément altéré dans le changement de propriétaire On peut donc difficilement parler d'un échange pur dans la mesure où ce qui est reçu est modifié par l'échange. III. En fait, l'échange doit donc être considéré comme une structure réciproque non possible, mais nécessaire. Dire que l'échange est possible, c'est nier le côté nécessaire de l'échange. En effet, possible, c'est quelque chose qui est en puissance. [...]
[...] Or le principe de l'échange est de faire circuler un propos. L'identité de ce propos réside sur sa stabilité. S'il est modifié (car la communication d'un propos modifie forcément ce qu'il est) alors l'échange est une tromperie. Les partenaires de l'échange se trompent dans la mesure où ils croient qu'une idée peut être communiquée sans être modifiée. Or comme une idée est le fruit d'une expérience individuelle, l'individu qui la reçoit ne l'aura pas dans sa totalité dans la mesure où cet individu ne peut avoir cette idée qu'en l'ayant vécue. [...]
[...] Cependant, l'échange est-il réellement possible ? Ne pourrait-on pas parler de tromperie ? En effet, l'échange repose sur un accord entre les partenaires qui veulent échanger quelque chose. Sauf que, ce quelque chose, n'est-il pas modifié par le changement même de propriétaire ? A. En effet, on ne peut réellement échanger ce qui est propre à son expérience individuelle. Si je veux échanger une idée, je ne peux le faire sans corrompre l'idée. En effet, selon Hume, l'âme se constitue individuellement selon l'expérience, selon les données de la sensibilité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture