L'âge de la pierre taillée, l'âge de la pierre polie... Ces appellations, créées par le préhistorien Lubbock en 1865 et qui caractérisent des périodes de la préhistoire (paléolithique et néolithique) montrent que les hommes sont identifiés au moyen des techniques qu'ils utilisent et des outils qu'ils produisent. La technique semble être ce qui distingue l'homme des autres animaux et ce qui permet de caractériser l'humanité. La technique serait-elle alors le propre de l'homme ? On hésite pourtant à accorder ce rôle à la technique et on préfère souvent caractériser l'homme par sa raison, sa conscience, son langage, sa capacité à vivre en collectivité sous des lois (...)
[...] La technique offre aux hommes un pouvoir accru sur le monde. Ce pouvoir doit être géré de façon consciente et collective. Comment le pouvoir de disposer techniquement des choses peut-il être réintégré au sein du consensus des citoyens engagés dans différentes actions et négociations ? Alors que la technique instaure une rationalisation de notre pouvoir sur le monde, il faut développer ce qu'Habermas nomme une rationalité dialogique c'est-à-dire la capacité à dialoguer et à faire prévaloir les arguments les plus raisonnables au sein d'une communauté afin qu'ils soient adoptés comme volonté collective. [...]
[...] La culture est proprement humaine. Cassirer analyse cette dimension symbolique de la culture et du langage dans son ouvrage La Philosophie des Formes symboliques. La culture est la reconstitution d'un monde. Il ne s'agit pas seulement de juxtaposer des propositions qui décrivent de façon plus ou moins exacte des faits. Chaque élément n'a sens que par le tout et le tout est présent dans chaque élément particulier. Cela est aussi vrai de l'art que de la connaissance, de la pensée mythique que de la religion : le monde d'images dans lequel vit chacune de ces fonctions spirituelles n'est jamais le simple reflet d'un donné empirique. [...]
[...] En travaillant les hommes créent des instruments. C'est ce qui distingue le travail humain de l'activité animale (donc pour Hegel, les abeilles ne travaillent pas en faisant une ruche car elles n'interposent pas des instruments comme médiations de leur activité). Dans l'instrument ou dans le champ fertilisé, je possède la possibilité, le contenu en tant que contenu universel ; c'est pourquoi l'instrument est un moyen plus excellent que le but du désir qui est singulier ; l'instrument embrasse toutes ces singularités. [...]
[...] Il est inscrit dans la nature physique de l'homme. Cet outil est différent des outils dont sont dotés les animaux car il s'agit d'un outil polymorphe. Alors que comme le note Aristote, l'animal ne peut ôter ses sabots, ni ses griffes ou sa carapace, avec ses mains, l'homme peut se fabriquer des chaussures, des armures et des armes qu'il peut user selon son bon vouloir. Inscrite dans le corps de l'homme par la présence de la main, la technique est aussi inscrite dans son psychisme par la nécessité de la délibération rationnelle qui me permettra de comprendre quand et où je dois user de tel ou tel outil. [...]
[...] Sans technique politique, juridique, économique, pas de vie collective. On peut penser aujourd'hui aux techniques de calcul des prélèvements fiscaux qui permettent de fixer les taux d'imposition en vue de redistribuer les services au sein d'une collectivité. On peut penser aussi aux techniques bancaires ( investissement, crédit, micro-crédit) qui permettent de faire fonctionner la machine de la production économique. Parce que l'homme vit de façon collective et organisée, il ne peut se passer des techniques d'organisation sociale. La technique est donc bien propre à l'homme au sens où elle est une projection de l'essence humaine : de son corps doté d'une main articulée, de sa conscience capable d'interposer le délai de la ruse entre le désir et sa satisfaction. [...]
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