L'être humain se caractérise-t-il dans l'assouvissement de ses envies ou dans sa capacité à les juguler ? L'essence de l'homme est-elle définie pas la nature même de cette inspiration incessante à tendre vers un objet ou une personne qui répond à une attente, ou dans la domination absolue de ces désirs ?
Ainsi nous pouvons nous demander à quel point les désirs définissent l'homme dans son essence même et en tant qu'espèce, et est-ce qu'un total contrôle de ces envies est possible et non pas surhumain. Si le désir est une partie intégrante de l'homme, faut-il et peut-on le supprimer ou exercer sur lui une autorité absolue ? (...)
[...] Si notre essence même est le désir, pouvons nous encore lui attribuer ce caractère de négativité ? Bien au contraire, affirme Spinoza, ce désir qu'est notre être se manifeste positivement comme plénitude et affirmation de soit. Mais que le désir soit l'essence même de notre être ne signifie pas pour autant que les manifestations du désir en nous soient réductibles à la forme unique d'un désir primordiale. En effet il existe autant de désirs qu'il y a d'objets désirables. Il semblerait donc que l'être humain ne puisse être véritablement lui-même qu'en se reconnaissant comme sujet désirant. [...]
[...] Car tout naturellement, bien qu'ayant pour essence même le désir, nous ne cédons pas à tous nos désirs et passions. Intuitivement, l'être humain sait qu'accéder à tous ses désirs n'amène pas au bonheur : on peut prendre pour exemple le crime passionnel ; une fois ce désir assouvit par un individu, de nombreuses et désastreuses conséquences s'abattent sur lui (arrestation, procès, prison, Cette maitrise intuitive de nos désirs est le résultat de l'intervention de la raison qui met en garde contre les désirs fous et leurs illusions, et la morale qui régule ces mêmes désirs pour ne pas en devenir esclave. [...]
[...] Ainsi on peut dire que le désir est une partie intégrante et fondamentale de la vie humaine, son essence même. Ce qui semble certain, c'est qu'un sujet en qui tout désir serait tari serait affectivement, sinon intellectuellement, aussi mort que le serait, physiologiquement, un être dont les besoin biologiques n'auraient pas été satisfaits. L'homme est donc contraint à désirer encore et toujours plus. Et un désir satisfait en amenant un autre, la surenchère du désir est inévitable. Le désir renait de sa propre satisfaction. [...]
[...] Le désir est l'essence même de l'homme, on ne peut donc pas les dissocier. Cependant laisser libre cours à ces désirs nous amène à en être esclave, à entrer dans une spirale d'insatisfaction, et cela peut engendrer de graves conséquences. Afin de les éviter, on peut se refuser à satisfaire tous nos désirs qui ne sont pas naturels, comme boire ou manger. Cependant cela peut sembler surhumain car contraire à notre essence même. Pour atteindre la sérénité, une maitrise moins draconienne basée sur la raison et la morale semble donc être une solution. [...]
[...] Spinoza donne précisément au désir cette signification ; selon lui, le désir est l'essence même de l'homme Le désir est l'humanité même, l'homme est par nature une puissance d'exister, un mouvement pour persévérer dans l'être c'est-à-dire pour exister encore et toujours plus. Tout existant est conatus c'est-à-dire un effort pour persévérer dans l'être. Le conatus défini donc, si on le rapporte à l'esprit seul, la volonté. Mais dans le cas de l'homme, il doit être rapporté à l'esprit mais aussi au corps, et est ainsi déterminer comme appétit, c'est-à-dire comme aspiration à une chose ou tension vers elle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture