Le développement du savoir et des techniques, la transformation de la nature à laquelle Descartes, reprenant l'injonction déjà présente dans la Bible, encourageait en affirmant que l'homme devait devenir comme « maître et possesseur de la nature », aboutissent depuis quelques dizaines d'années à une prise de conscience inquiète. L'homme n'est-il pas allé trop loin dans ses entreprises conquérantes ? Ne va-t-il pas, à force de détruire l'environnement, se condamner à une autodestruction ? Peuvent alors être adoptées des attitudes antiscientifiques, nostalgiques ou passéistes (...)
[...] Aucun théoricien n'envisagerait en conséquence de répéter sérieusement ce que Voltaire écrivait ironiquement à Rousseau : qu'il nous vient l'envie, sous prétexte d'arrêter le progrès technique, de retourner marcher à quatre pattes dans les forêts ne serait-ce que dans la mesure où il ne subsiste plus guère de forêt dans sa forme originelle (naturelle, non remaniée et non transformée par l'homme), et que l'humanisation de la nature est à peu près universelle. S'il fallait une preuve supplémentaire de la place particulière que l'homme occupe dans le monde, elle serait fournie par le fait que ce qui peut aujourd'hui nous apparaître comme nature résulte en fait de l'action historique des cultures humaines. Conclusion C'est poétiquement que l'homme habite la terre affirmait Hôlderlin mais l'habitat est d'abord matériel et technique. [...]
[...] Cette négativité active de l'homme, c'est sans doute dans le travail qu'elle se manifeste avec les conséquences les plus fortement marquées II. Travail, sens et valeur L'analyse philosophique du travail et de sa signification telle qu'elle est menée de Rousseau à Marx via Hegel montre qu'il consiste en une double transformation de la matière œuvrée, et simultanément de l'homme travaillant lui-même En sorte que l'éloignement de l'homme relativement au monde qui se présente à lui n'en finit pas de croître, dans la mesure où le façonnage de la matière produit un homme différent de ce qu'il était (cf la dialectique du maître et de l'esclave de Hegel) La particularité humaine s'affirme donc de plus en plus à travers l'histoire au point que l'univers humain paraît irréductible à l'ordre simplement naturel (c'est d'ailleurs à ce niveau, encore anthropologique, que l'on peut avec Sartre rencontrer la réalité de la liberté). [...]
[...] Faut-il reconnaître à l'homme une place particulière dans le monde ? Introduction Le développement du savoir et des techniques, la transformation de la nature à laquelle Descartes, reprenant l'injonction déjà présente dans la Bible, encourageait en affirmant que l'homme devait devenir comme maître et possesseur de la nature aboutissent depuis quelques dizaines d'années à une prise de conscience inquiète L'homme n'est-il pas allé trop loin dans ses entreprises conquérantes ? Ne va-t-il pas, à force de détruire l'environnement, se condamner à une autodestruction ? [...]
[...] Aussi l'homme peut-il revendiquer, en raison même de son étrangeté par rapport au reste du monde, la disposition d'un monde habitable (soit, au minimum : connaissable et transformable) selon ses désirs. Que ces derniers ne doivent pas aller jusqu'à la destruction du monde c'est l'évidence, puisqu'un monde détruit n'offrirait plus aucun habitat possible. C'est donc encore de l'homme lui-même et non d'un monde par définition muet que peut venir l'exigence d'un contrôle et de la reconnaissance de droits, sinon du monde naturel, du moins pour lui. [...]
[...] Un certain anthropocentrisme se révèle donc obligatoire, même s'il n'est plus possible, depuis Galilée, de le concevoir comme affirmant simplement que l'homme est le centre du monde III. Les techniques dévastatrices et les problèmes écologiques L'opposition entre l'homme et sa culture d'un côté, le monde de l'autre, paraît aujourd'hui devoir ne plus être pensée aussi brutalement qu'on l'admettait au siècle dernier. C'est que le développement intense des sciences et des techniques a entraîné une incontestable exploitation du monde naturel, telle que se manifestent un certain nombre de déséquilibres. [...]
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