La question "peut-on reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature ?" a pour objet la reconnaissance à l'homme d'une place particulière dans la nature et pose le problème de la recevabilité, de l'admissibilité d'une telle reconnaissance. Par la formule "peut-on", on se demande en effet si la reconnaissance éventuelle à l'homme d'une place particulière dans la nature s'avère possible et légitime. En fait, il s'agit de considérer les preuves, ou du moins les indices ontologiques qui, éventuellement, justifieraient ou réfuteraient une telle reconnaissance à l'homme d'une spécificité ontologique. La question est donc de savoir s'il est possible et légitime d'accorder à l'être humain une position spécifique parmi l'ensemble des êtres soumis par ailleurs à une causalité de type mécanique, à supposer que l'on pense la nature comme étant l'ensemble des réalités soumises à des lois générales (comme le règne animal, par exemple), ou plus précisément encore, comme étant l'ensemble de tout ce qui existe, de tous les êtres soumis à une causalité de type mécanique (par opposition à la liberté ou à l'esprit). (...)
[...] Il y est d'ailleurs contraint, sous peine de disparaître. Dans la mesure où l'homme présente des capacités intellectuelles et affectives spécifiques, il semble que l'on puisse à nouveau lui reconnaître une place particulière au sein de la nature, place qui découle de sa déficience première. Il convient dès lors d'ajouter qu'alors que l'animal dispose d'instincts, conditions de son adaptation au milieu environnant, alors qu'il est en son genre parfait (déjà " réalisé en quelque sorte), l'homme, comme Rousseau est l'un des premiers philosophes à l'avoir souligné, est perfectible. [...]
[...] (Le pronom " on " implique que certains lui ont reconnu cette place particulière au sein des êtres vivants.) En se demandant s'il est admissible d'accorder à l'homme une place particulière dans la nature, on cherche à mesurer la lucidité du regard que porte l'homme sur lui-même. Il y va de la vision que l'homme pourra légitimement se faire de lui-même. En fait, il y va d'un problème ontologique, d'identification par localisation, problème qui nous amènera à définir l'humanité et à évaluer la justesse de la considération qu'elle a d'elle-même, dans le cadre de sa relation aux autres êtres de la nature. [...]
[...] Montrons d'abord en quoi il est possible de reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature, pour voir ensuite si une telle reconnaissance s'avère être légitime. Outre le fond biologique commun aux animaux, c'est-à-dire l'existence universelle de besoins naturels, l'homme se distingue ou peut être distingué en cela qu'il présente une infériorité originelle majeure. En effet, contrairement aux animaux (qui constituent le meilleur outil de comparaison à l'homme, étant donné leurs similitudes), l'homme ne possède pas d'instinct, au sens de savoir-faire inné. [...]
[...] Sans ce fond naturel (ces potentialités intellectuelles et affectives), tous les développements culturels (qui sont propres à l'homme) seraient impossibles. Sans ces développements culturels, ce fond naturel serait perdu . Malson démontre cette interaction dans son œuvre, Les enfants sauvages, mettant en valeur les insuffisances et les limites de ces potentialités grâce à l'exemple des enfants privés de toute culture. L'homme n'a donc pas une nature qui suffirait à le faire être : elle ne saurait être suffisante qu'aux autres êtres vivants composant la nature. [...]
[...] Rousseau en déduit, qu'au contraire de l'animal, l'homme n'a pas à proprement parler de nature. Bien plus tard, Malson notera l'adoption générale du point de vue de Rousseau, observant que " c'est une idée désormais conquise que l'homme n'a point de nature mais qu'il a - ou plutôt qu'il est - une histoire Il apparaît, on en conviendra, dès lors peu crédible d'accorder une place particulière dans la nature à un être dépourvu de nature. Somme toute, l'opposition fondamentale entre l'homme et l'animal (représentant de la nature) a constitué le fil conducteur de notre démarche. [...]
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