La loi divine, comme toute loi positive, suppose une application : bien souvent sous forme de recommandation ou de commandement, les hommes auxquels cette Loi s'applique doivent la faire leur. C'est dans ce passage « vertical » du divin à l'humain que se présente la problématique de l'assimilation de la Loi de Dieu : comment une loi peut-elle être respectée et suivie sans l'autorité de Celui qui l'a prescrite ? La loi divine a un statut particulier : elle est éternelle, indubitable, irrévocable, irréformable,… Dieu confie aux hommes la garde de sa Loi. Comment l'homme peut-il faire bon usage de cette loi ? Comment peut-il veiller à ce que, à travers l'histoire, et suivant les cultures, elle demeure admise, comprise et appliquée, sans la dénaturer ? Quelle légitimité a donc l'homme dans la compréhension, l'application, l'interprétation d'une loi qui est faite pour lui mais non par lui ?
[...] Est-il nécessaire de parler d'une infaillibilité de l'Eglise, ou bien n'y a-t-il pas un meilleur terme pour désigner la réalité dont on veut parler ? Etant donné les malentendus qu'il suscite, ne vaudrait-il pas mieux sacrifier le mot pour sauver la chose, au lieu de sauver le mot en sacrifiant la chose ? En place d' infaillibilité H. Küng préfère le terme d' indéfectibilité (inaltérabilité, stabilité) et le terme positif de pérennité (indestructibilité, caractère perdurable) qui est, en ecclésiologie, des termes tout aussi traditionnels que celui d' infaillibilité En pratique, il est souvent difficile de les distinguer. [...]
[...] Erich Auerbach, Gloria passionis. P. Rousselot, Le problème de l'amour au Moyen-Age. E. von Ivanka, Plato Christianus (P.U.F. 1992). J. Leclercq, L'amour des lettres et le désir de Dieu. Hélène Petré, Caritas. Charles H. [...]
[...] Leur méthode semble pourtant délicate, qui nécessite le difficile discernement dans l'interprétation de la Loi divine transmise par le Christ. Choisissant l'esprit de la loi divine tout en prétendant la respecter à la lettre, les Pères de l'Eglise vont ainsi construire leur religion avec une méthode particulière de l'interprétation de la parole de Dieu qui revendique l'infaillibilité. Ce qui surprend de prime abord, c'est de voir avec quelle fermeté les premiers Pères tracent le droit chemin à suivre pour respecter la Loi. [...]
[...] Ce fut un sujet constant de discussion entre les théologiens de savoir de quelle manière précise il fallait concevoir l'unanimité des Pères de l'Eglise. D'autre part, on s'est interrogé sur la possibilité d'une inspiration des Pères. On remarquera à ce sujet que, dans l'Antiquité chrétienne, certains écrivains comme Origène, Victorinus ou Augustin ont paru admettre une inspiration spéciale des spirituels c'est-à-dire des chrétiens parvenus à une haute perfection. Mais peut-être même plus que cela, c'est l'argumentation philosophique qu'ils développent dans les débats sur les questions qui les opposent à de nombreux autres interprètes de la Loi divine, qui garantit leur légitimité. [...]
[...] Comme si les Lois divines une fois proclamées, et le Législateur disparaissant, elles se suffisaient à elles-mêmes, sans ambiguïté possible. Les Lois divines seraient infaillibles plus encore que leur auteur suprême : leur supériorité ainsi L'anéantit même. Aussi l'Eglise catholique, en se positionnant l'air de rien dans une indéfectibilité qui la laisse dans la Vérité en acceptant malgré tout, modestement, la possibilité de l'erreur ponctuelle (ne pas trop proclamer son infaillibilité ne suppose pas non plus qu'on se trompe sans cesse), préserve sa grandeur et assure sa pérennité. [...]
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