Conscient de la nature, l'homme est un être raisonnable et sensible auteur d'un rapport scientifique au monde. La science, étude des faits, peut se définir par trois critères: un objet spécifique, un projet cognitif, une méthode analytique et expérimentale; c'est donc une connaissance objective et justifiée, élaborée à partir du raisonnement, de l'expérimentation ou de l'observation. L'objet, étymologiquement « ce qui est placé devant », est ce qui est matière à l'activité de l'esprit, ce qui existe indépendamment de l'esprit.
La tension entre ces deux notions réside dans la tentation de confondre l'homme avec un simple objet de science. Le problème posé est donc la légitimité, voire la possibilité des sciences humaines comme l'histoire, la sociologie, la psychologie ou encore l'anthropologie… Ces disciplines étudient l'activité humaine comme un fait, recherchent les causes qui déterminent nos attitudes et nos comportements, et visent la connaissance de l'homme qu'elles saisissent dans sa dimension essentielle. Comment l'homme, déjà sujet de science, peut-il se prendre lui-même comme objet de science? Les sciences humaines sont-elles scientifiques et élaborent-elles une science de l'homme ou bien un savoir sur l'homme?
Notre cheminement s'articule autour de trois axes de réflexion: d'abord, l'homme est de fait un objet de science; puis, l'homme ne peut pas être théoriquement un objet de science; enfin, l'homme ne doit pas être un objet de science véritable.
[...] De plus, la méthode rigoureuse est respectée par l'histoire: constat et énumération de faits bruts, analyse et établissement de rapports, appui et critique à la fois externe et interne des documents, explication rationnelle du passé Au- delà, la formalisation mathématique se manifeste par l'introduction de la mesure, par exemple l'analyse factorielle de l'intelligence pour le psychisme, mais aussi l'appel aux sciences auxiliaires (statistique, archéologie, paléographie, épigraphie ) pour l'histoire, mais surtout la volonté de modélisation et d'axiomatisation pour l'économie qui repose sur trois postulats: la rationalité des agents, la formalisation des comportements économiques, la dimension monétaire de tous les phénomènes économiques. Ces disciplines ont donc conquis leur objectivité en adoptant le modèle de la méthode mathématique. Ces disciplines ont le statut de science humaine du fait de la conquête de leur objectivité; l'homme est donc de fait un objet de science. Pourtant, ces sciences molles, au-delà de leur effort de rapprochement aux sciences dures, sont-elles véritablement scientifiques et parlent-elles réellement de l'homme? [...]
[...] Les sciences humaines ne doivent donc pas penser l'homme comme un être prévisible: elles n'ont d'autre fonction que d'éclairer sans prétendre l'expliquer de manière exhaustive certains de ses actes et de ses pensées. Finalement, les sciences humaines ne doivent pas élaborer une science de l'homme car elles ne sont pas scientifiques. Elles peuvent toutefois élaborer un savoir sur l'homme. Mais alors, les sciences humaines ne sont- elles pas un art plutôt qu'une science? [...]
[...] L'homme ne doit pas être objet de science scientifique mais d'Anthropologie. En bilan de notre analyse, l'homme est de fait objet de science du fait de l'existence et de la conquête de l'objectivité des sciences humaines. Mais, l'homme ne peut pas être ni en théorie ni en pratique objet de science car les sciences humaines ne sont pas scientifiques. Néanmoins, il ne faut pas déplorer cet échec car la scientificité des sciences humaines remettrait en cause la liberté de l'homme. [...]
[...] Il est donc dangereux que les sciences molles se calquent sur les sciences dures: la scientificité, l'explication quantitative et la finalité heuristique poussent l'homme à être comme maître et possesseur de la nature mais aussi maître et possesseur de l'homme. Les sciences humaines doivent garder pour vocation une compréhension qualitative de l'homme unidimensionnel, doivent respecter une méthode spécifique et doivent viser la sagesse. Cette saisie intuitive des actes humains permet à l'homme de garder son unicité, sa personnalité, son imprévisibilité. A condition de respecter leur vocation, rappelée par Dilthey: Nous expliquons la nature et nous comprenons l'homme les sciences humaines ne s'opposent pas à la liberté, au contraire, elles permettent la libération. [...]
[...] L'homme est-il objet de science? Conscient de la nature, l'homme est un être raisonnable et sensible auteur d'un rapport scientifique au monde. La science, étude des faits, peut se définir par trois critères: un objet spécifique, un projet cognitif, une méthode analytique et expérimentale; c'est donc une connaissance objective et justifiée, élaborée à partir du raisonnement, de l'expérimentation ou de l'observation. L'objet, étymologiquement ce qui est placé devant est ce qui est matière à l'activité de l'esprit, ce qui existe indépendamment de l'esprit. [...]
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