Contrairement aux autres animaux, il semblerait qu'à l'état de nature l'homme ne puisse survivre et satisfaire seul ses besoins. D'où le fait qu'il cherche à former la société avec d'autres. C'est pourtant cette idée que Rousseau semble remettre en cause dans ce texte : si les hommes se regroupent et constituent une société, s'unissent durablement en un mot, ce n'est pas seulement par intérêt mais « par affection » ; c'est peut-être même moins pour survivre que pour trouver le bonheur. Il semblerait que l'auteur en effet privilégie clairement ici le « besoin » psychologique de l'autre sur l'intérêt vital que les hommes trouvent à s'unir. Mais dans ce cas, si c'est « la faiblesse de l'homme qui le rend sociable », c'est-à-dire humain, comme l'affirme ici Rousseau, est-ce à dire que les hommes ne sont heureux que parce qu'ils sont malheureux initialement, qu'en vertu de leurs « misères communes » par conséquent ? Outre qu'elle est paradoxale, cette idée n'implique-t-elle pas une conception très négative du bonheur humain ? (...)
[...] Il semblerait que l'auteur en effet privilégie clairement ici le besoin psychologique de l'autre sur l'intérêt vital que les hommes trouvent à s'unir. Mais dans ce cas, si c'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable c'est-à- dire humain, comme l'affirme ici Rousseau, est-ce à dire que les hommes ne sont heureux que parce qu'ils sont malheureux initialement, qu'en vertu de leurs misères communes par conséquent ? Outre qu'elle est paradoxale, cette idée n'implique-t-elle pas une conception très négative du bonheur humain ? [...]
[...] Conclusion Rousseau établit dans ce texte que l'homme s'ouvre à l'altérité, devient sociable, grâce à la conscience de sa propre faiblesse qu'il reconnaît en l'autre : c'est donc en ce sens sous l'impulsion de la compassion qu'il s'humanise. De cette idée, il convient de déduire deux conséquences : d'une part, l'homme n'est pas destiné à être heureux mais plutôt à étouffer un peu les souffrances inhérentes à sa condition grâce à la compagnie de ses semblables ; ce pourquoi son bonheur, contrairement à celui de Dieu, est fragile et instable. [...]
[...] C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes qui portent nos cœurs à l'humanité, nous ne lui devrions rien si nous n'étions pas hommes. Les termes de faiblesse et de misères communes renvoient ici à l'idée, énoncée plus loin, d'« insuffisance et d'« infirmité La faiblesse évoque justement l'impossibilité de se suffire à soi-même, l'absence d'autarcie ; les misères communes sont une référence aux maux dont souffrent tous les hommes, ceux qui sont inscrits dans la condition humaine tels que la douleur physique, les passions ou l'angoisse de la mort. [...]
[...] Un être imparfait est un être fini, limité dans l'espace et dans le temps, mortel et susceptible de changement (biologique ou psychologique). Or un être qui, pour vivre et évoluer, n'aimerait rien n'aurait ni désir ni crainte, ni espoir ni attente. Il ne saurait pour cette raison être heureux : le bonheur pour un être imparfait se tire donc essentiellement de l'amour au sens large ou plus exactement du désir ou de la capacité de viser une chose, d'y tendre et d'espérer l'atteindre Les hommes s'unissent par affection A. [...]
[...] L'amour peut nourrir des espoirs et ne pas être réciproque ou s'éteindre avec le temps. B. Deux exemples le montrent a contrario : le cas de Dieu et celui d'un être imparfait qui néanmoins se suffirait à lui-même Suit un premier exemple qui montre, a contrario, que l'homme s'attache à ses semblables et, pour cette raison, est heureux, en vertu de sa faiblesse même, c'est-à-dire en un sens, comme on l'a vu, en vertu de ce qui fait son humanité. [...]
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