La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, fondement - du moins en France - de la liberté politique, énonce, dans son premier article, que « les hommes naissent libres et égaux en droits ». Cette formulation, par l'emploi du verbe « naitre », sous-entend le caractère naturel de la liberté humaine.
Les hommes ne font donc pas le choix de la liberté, ils naissent avec, et la liberté apparait alors comme un caractère inaliénable. Cependant, cette liberté naturelle est énoncée par un texte qui constitue la base de la liberté politique, une liberté qui, si elle admet la liberté naturelle, n'est pas elle-même naturelle (...)
[...] Mais on peut se demander pour quelle raison et dans quel but s'est construite la liberté politique, puisqu'elle admet l'existence d'une liberté naturelle qui, découlant de son caractère naturel, est inaliénable ? Toutefois, si la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen commence par cette affirmation, c'est très probablement parce qu'elle a pu être niée auparavant. Ainsi, la liberté politique s'est construite pour préserver la liberté naturelle, et pour pouvoir en assurer l'exercice. Paradoxe que celui d'une liberté naturelle et pourtant inaliénable ; il convient, pour l'éclaircir, d'examiner plus en détail cette liberté que l'homme a pour nature. La liberté que l'homme possède par nature est celle de la volonté. [...]
[...] Les actes choix ponctuels ont moins d'importance que le projet, qui est le choix fondamental de mon être. Ce que d'autres philosophes appelleront caractère et qui, pour eux, est invariable et est la preuve que l'homme n'est pas libre, puisque ses actions dépendent de son caractère, est, pour Sartre, le fondement même de la liberté, puisqu'il est, en quelque sorte, un caractère choisi L'homme, dit-il, est donc tout entier et toujours libre (L'Être et le Néant, 4e partie, chapitre : on ne peut échapper à notre liberté, on est condamné à être libre. [...]
[...] Composition de philosophie L'homme est-il libre par nature ? L'esclavage est une pratique qui a perduré jusqu'aux temps modernes. Or si durant tous ces siècles elle ne parut pas révoltante, ce n'est pas parce que les esclavagistes ne considéraient pas les esclaves comme des hommes, mais parce qu'ils les considéraient comme des hommes qui n'étaient naturellement pas libres : d'où suit que le caractère héréditaire de l'esclavage n'avait rien de scandaleux. Si maintenant cette pratique est abolie et interdite, c'est parce qu'on a reconnu que les hommes étaient libre par nature : leur liberté ne doit pas être acquise comme un affranchissement pouvait l'être pour l'esclave, mais doit être admise par le simple fait qu'ils existent. [...]
[...] Mais il n'en est ainsi que si la liberté naturelle se prouve effectivement par les actes : on avait cherché la liberté au fondement de l'acte, mais pour parvenir à savoir si l'homme est vraiment libre par nature, c'est au fondement de l'être qu'il faut la chercher. Cette recherche est avant tout le travail de Sartre, qui a opéré un déplacement du problème de la liberté. Selon lui, l'homme n'a pas de nature, ni d'essence. Il est un pur néant ; mais c'est justement en vertu de ce caractère de néant que l'homme est libre : la liberté réside en ce que n'étant rien, l'homme se construit, se choisit continuellement. [...]
[...] La liberté de la volonté, qui se réalise dans le choix, est communément appelée libre-arbitre, et c'est ce libre-arbitre qui est inaliénable. La liberté qui peut être entravée n'est donc pas la liberté de la volonté, mais celle qui en découle, c'est-à- dire la liberté de mouvement. En prison, pour prendre l'exemple le plus basique, on peut toujours choisir, en théorie, mais on ne peut pas réaliser ses choix. C'est cet abîme entre la liberté de droit (la liberté naturelle, liberté de la volonté) et celle dont on peut jouir dans l'état de fait qu'illustre Rousseau dans la première phrase du Contrat social : l'homme est né libre, et partout il est dans les fers Mais lorsque l'homme n'a plus que le pouvoir de vouloir, peut-on encore dire qu'il est libre ? [...]
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