Dissertation de Philosophie niveau Lycée sur le thème du langage et plus précisément sur le rapport entre le langage et la pensée ; celle-ci analyse aussi l'antériorité et la primauté de l'un par rapport à l'autre.
[...] Car pourquoi les hommes parleraient-ils si ce n'était pour échanger leurs pensées ? Parce que les hommes vivent en société, celle-ci leur fournit le langage qui est, lui aussi, une condition de la pensée, c'est-à- dire de la pensée consciente laquelle s'exprime par les mots. Mais alors, que serait une pensée sans les mots qui l'expriment et qui sont destinés à établir entre les hommes quelque communication ? Car un cri, c'est bien un signe naturel, mais il n'exprime aucune pensée véritable. [...]
[...] L'orateur, ajoute Merleau-Ponty (Cf. Phénoménologie de la perception), ne pense pas avant de parler, ni même pendant qu'il parle ; sa parole est sa pensée Ainsi ce n'est pas sa pensée qu'il nous livre, mais ses mots. Nous ne sommes pas persuadés par sa pensée, mais les mots qu'il utilise et sa pensée n'a d'autres sens que celui que lui donne le langage. Car il est l'existence même du sens. Il n'est donc pas juste de dire que la parole fixe la pensée ou qu'elle l'enveloppe, mais que la pensée se donne dans la parole parce qu'elle celui- ci possède une puissance de signification qui lui est propre. [...]
[...] L'homme possède-t-il d'autre moyen que le langage pour parvenir à la vérité ? Voilà la contradiction dans laquelle nous laisse Pascal. C'est pourquoi Leibniz lui reprochera son incohérence, car justifiant le monde et Dieu, il justifie en même temps l'homme. Si notre langage est l'expression de l'Univers, donc de Dieu, à travers nous, il peut être à la fois la parole des essences éternelles et l'instrument des possibles. Tout est donc vrai dans une certaine mesure. Autrement, en effet, tout serait faux, ce qui est contradictoire (Cf. [...]
[...] ne sont considérés que comme des instruments au service d'un sens qui est toujours moral en dernière analyse. De ce fait le langage est prisonnier du code des valeurs fondamentales de la société qui, somme toute, traduit le contenu de la pensée. Depuis Platon, Descartes et Pascal, pour ne parler que d'eux, le discours, l'écriture, l'art doivent nécessairement renvoyés à des vérités considérées comme des normes uniques et absolues : la beauté, le bien, la vérité, la raison, etc. sont des idées qui sans un appui indéfectible du langage n'auraient aucune valeur. [...]
[...] Essai sur les données immédiates de la conscience). Notre langage serait de ce fait incapable de transcrire adéquatement en mots certaines pensées ou l'ineffable, car la pensée est mouvante et les mots en tant que concepts ne peuvent pas saisir l'originalité, l'unicité de chacun des éléments différents qui constituent le concept. Cette conception est réaffirmé par E.Gilson, pour qui la pensée est antérieure à la fois de temps et de causalité. Elle s'appliquerait même à la parole intérieure, tel que le montre l'expérience du ‘vouloir dire' Ainsi, qu'il s'agisse de la pensée intuitive ou de la pensée discursive, elle est antérieure logiquement et chronologiquement. [...]
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