Par principe, la loi est instaurée afin que tous lui obéissent : elle ne souffre pas d'exception. Mais, si le droit institué assurait une justice parfaite ou idéale, on ne pourrait pas même constater qu'il change à travers l'histoire. En effet, la loi, comme toute institution, n'est-elle pas liée à une époque, mais aussi à un pays ? A l'inverse, l'"homme juste" n'est-il pas celui qui, attentif à la vertu, se soucie d'une universalité plus réelle, au nom d'une "humanité" idéale ? Le conflit semble dès lors inévitable entre un système clos et l'appel vers des valeurs plus hautes. Au point que l'on peut se demander si l'homme juste est moins celui qui s'autorise à aller contre la loi, que celui qui considère qu'il y a là pour lui un devoir.
[...] C'est pourquoi aller contre la loi est davantage qu'une possibilité. Lorsque l'homme juste proclame son opposition à la loi, c'est au nom de valeurs supérieures à cette dernière, ce qui peut être choquant du point de vue du droit. Et, simultanément, il doit braver l'opinion majoritaire qui respecte la loi. Par exemple, dans les débats en France, lors de la suppression de la peine de mort, on a montré que sa crainte n'avait rien de dissuasif, et l'on a fait valoir qu'elle rabaissait l'ensemble de la société. [...]
[...] Mais l'homme juste veut être réellement universel. Ce qui l'anime, c'est une exigence ignorant les époques et les pays: il réagit au nom d'une conception de l'humain en général (à partir du moment où cette conception est acquise: il existe une certaine historicité de l'homme juste). C'est ce que montre Antigone dans sa révolte contre les lois de Créon (ou d'une cité) qui se fonde sur le respect dû à des lois "plus anciennes" et "plus hautes": tout homme, quel qu'il soit, doit être enterré, parce qu'il y va de sa dignité (de ce qui le distingue de l'animal et de la nature). [...]
[...] L'homme juste peut-il aller contre la loi? Par principe, la loi est instaurée afin que tous lui obéissent: elle ne souffre pas d'exception. Mais, si le droit institué assurait une justice parfaite ou idéale, on ne pourrait pas même constater qu'il change à travers l'histoire. En effet, la loi, comme toute institution, n'est-elle pas liée à une époque, mais aussi à un pays? A l'inverse, l'"homme juste" n'est-il pas celui qui, attentif à la vertu, se soucie d'une universalité plus réelle, au nom d'une "humanité" idéale? [...]
[...] De plus, les peines sont de plus en plus symboliques. Ensuite, le droit change encore d'un pays à l'autre. Pascal disait: "Plaisante justice qu'une rivière borne ( . Les différences sont toujours marquées entre les pays et les cultures, aussi bien dans le déroulement des procès que dans la conception des délits ou des crimes, et dans celle des sanctions (la peine de mort demeure; les voleurs sont condamnés à avoir la main tranchée, ou à de la prison . [...]
[...] Ensuite, elles entendent faire respecter la justice instituée. Il y a toujours des "hors-la-loi". D'où la nécessité, dans le droit d'une collectivité, de prévoir aussi des sanctions. Les condamnations sont prononcées au nom de la loi, et non en celui des victimes: la justice institutionnelle échappe aux sentiments. Cependant, elles évoluent. La peine de mort, instaurée par la loi, a pu être supprimée dans un certain nombre de pays. Puisqu'elle est susceptible d'être modifiée, la justice instituée ne réalise donc pas automatiquement l'idéal de justice. [...]
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