Homme juste, citoyen soumis aux lois, être libre, justice universelle, respect de la loi, injustice, État de droit, état de nature, Aristote, Cicéron, Thomas Hobbes, liberté de pensée, conformité des lois, équité, moralité, rationalité
Le 11 avril 1961 se tient à Jérusalem le procès du haut fonctionnaire du Troisième Reich, Adolf Eichmann, accusé d'avoir supervisé l'organisation logistique "solution finale". La ligne de défense de l'officier SS est d'affirmer qu'il n'avait rien fait d'autre que d'obéir aux ordres d'Adolf Hitler. Eichmann n'avait, en effet, enfreint aucune des lois prescrites par le régime nazi ; bien au contraire, il s'en était fait l'un des exécutants les plus zélés. Il serait pour autant intolérable d'admettre qu'Eichmann eut été un homme juste. Respecter la loi, c'est obéir aux injonctions qu'elle nous prescrit, faire ce qu'elle nous ordonne et s'abstenir de faire ce qu'elle nous interdit. Selon les différentes acceptions de la notion de loi auxquelles nous nous référons, les rapports que celle-ci entretiendra avec les idées de justice et d'injustice en seront sensiblement modifiés.
[...] C'est pour cette raison que ce qui est juste ou injuste ne coïncide pas nécessairement avec la justice ou l'injustice. Pour que la justice légale soit une justice réelle, il faut que la loi soit juste, c'est-à-dire qu'elle soit conforme au droit naturel. Transition : Respecter la loi, c'est-à-dire le droit positif, n'est donc pas un critère suffisant pour être un homme juste. Cependant, l'existence de l'État de droit, qu'il soit conforme ou non au droit naturel, n'est-elle pas une preuve de l'impuissance de l'homme à être juste ? [...]
[...] Alors, ce que l'homme peut faire de plus juste, c'est de chercher à concilier la loi et la pluralité des volontés. Ainsi, ce ne sont pas les citoyens de l'État, pris séparément, qui sont justes, mais l'ensemble des citoyens qui constituent l'État, et qui contribuent à l'édification d'une loi, qui, sans être universelle, tend à embrasser les différentes conceptions rationnelles de la justice. C'est dans cette participation active que l'homme peut être qualifié de juste. [...]
[...] Il est nettement plus difficile de savoir ce qu'est un homme juste, et selon quels critères il peut être considéré comme tel. Par définition, la loi émane d'une autorité souveraine, qui impose un certain nombre de règles auxquelles nous nous soumettons, que ces dernières correspondent ou non à nos propres critères moraux. Il existe donc un conflit entre la loi juridique imposée à tous les citoyens et la loi morale, à laquelle chaque homme choisit d'adhérer. Doit-on alors penser l'homme juste comme un citoyen qui se soumet aux lois prescrites par une autorité législative ? [...]
[...] Ainsi, nous pouvons obéir à des lois peut-être justes, mais pour des mauvaises raisons. L'homme ne peut pas être considéré comme juste, s'il respecte la loi sous l'effet de la peur, car il n'agît pas sous l'effet de la raison, mais de la passion. « On doit appeler injuste, celui qui n'agit justement que par la crainte qu'il a des peines que les lois imposent » Hobbes, Le citoyen. Il faut ajouter que la volonté ne doit pas avoir d'autre but que la justice elle-même. [...]
[...] Le juste n'est pas l'objet de la justice. Il faut distinguer ce qui est légal de ce qui est juste. La loi n'est pas nécessairement juste. Alors, l'homme ne peut être juste qu'en observant la loi avec raison, pour déterminer le caractère juste ou injuste de ladite loi. L'acte juste et l'acte injuste sont inextricablement liés à la volonté qui les précède. L'homme peut être juste, non pas en appliquant la loi de manière irréfléchie, mais en utilisant sa raison, et en s'efforçant d'agir justement. [...]
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