Philosophie, inaction, libre-arbitre, impuissance humaine, déterminisme, Tolstoi, Aristote, monde contingent, raison humaine, Diodore Cronos, religion, existence humaine
Comme nous en avertit la constitution privative du nom, l'inaction est d'abord cet état où l'homme n'agit pas, c'est l'absence d'action. Si nous n'accomplissons rien, si nous sommes passifs, il semble logique que nous soyons inactifs. Mais l'action est proprement humaine, et on imagine mal un homme être homme sans jamais agir. Il semble que l'action soit ancrée au coeur de la qualité d'homme. Notre relation à l'action nous suggère qu'elle est possible puisque tous les jours nous prenons des décisions et nous agissons.
Dans "Éthique à Nicomaque", Aristote explique que l'action a besoin pour exister d'un monde à la fois contingent et nécessaire. L'action suppose que l'on comprenne et agisse, ce qui suppose un monde suffisamment stable, mais aussi suffisamment contingent pour être modelé selon ce que l'on veut faire. Un monde trop contingent empêcherait toute action au sens où le réel échapperait à l'intelligence et la raison humaine.
[...] De ce fait, tout être porte en soi tout son avenir et appliquer au réel, cela conduit à la nécessité des futurs. Et si le futur suit les mêmes lois que le passé, il devient immuable et l'action devient vaine en tous points. Par-là « l'argument du dominateur » condamne l'homme à ne pas pouvoir agir puisque tout est fixé par avance. Il ne s'agit même plus de pouvoir se croire le principe d'une action, l'homme semble être déterminé à s'abstenir d'agir. Il ne lui resterait que le Factum Stoïcum, c'est-à-dire accepter l'inévitable ou bien encore le Factum Christianum de Leibniz. [...]
[...] L'homme et l'inaction : l'est-il selon sa volonté ou par son impuissance ? Dans Guerre et Paix, Tolstoï introduit le lecteur au personnage de Koutouzov. Général en chef des armées russes, il se définit d'emblée comme un homme d'action. Pour autant, Tolstoï en fait un portrait placide puisque Koutouzov, à la veille de la bataille d'Austerlitz, préfère se reposer plutôt que de réfléchir à un plan de bataille. Koutouzov semble alors inactif. Comme nous en avertit la constitution privative du nom, l'inaction est d'abord cet état où l'homme n'agit pas, c'est l'absence d'action. [...]
[...] Il s'agirait alors de penser l'action comme l'essence même de l'homme. III. Le refus de l'action D'ailleurs, imaginer un homme totalement inactif reviendrait à imaginer un état où l'homme ne serait pas concerné par les exigences. Sa vie ne serait qu'une totale oisiveté bien différente pour autant de la vie contemplative d'Aristote qui se veut, à la fin d'Éthique à Nicomaque, action sur soi. Imaginer un tel homme reviendrait par conséquent à un fantasme où l'homme serait libéré de toutes contraintes et de toutes actions. [...]
[...] En ce sens, son action fabrique son désir et l'on passe du désir au faire. Ainsi, l'inaction ne semble plus être l'unique destinée de l'homme puisque le nécessaire puis la contingence ont été dépassés. De ce fait, l'action retrouve des cadres qui lui sont propices, c'est-à-dire comme le définit Aristote, un monde présentant assez de stabilité pour appuyer nos décisions, mais aussi un réel assez contingent pour permettre à nos choix de se transformer en action selon notre volonté. Pourtant, l'inaction paraît être une constante de l'action qui nécessite bien des efforts pour être dépassée. [...]
[...] Seule l'action réalise l'homme et choisir l'inaction c'est décider de ne pas être et ainsi, il semble que l'inaction soit impossible pour l'homme. L'action devenant alors son unique destinée. Alors, il semble que l'homme ne puisse être absolument inactif. Nous l'avons vu, même si les cadres de l'action que sont la contingence et le nécessaire pouvaient paraître des murs contraignant l'homme à l'inaction, ceci s'efface rapidement dès lors que l'on considère l'agir comme une nécessité en soi. Cela est d'autant plus vrai quand on fait correspondre l'essence de l'homme avec l'action. [...]
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