Nous savons, par expérience, ce qu'est un homme. L'humanité d'un homme est immédiatement reconnaissable, dès lors que nous reconnaissons cet homme précisément comme homme et ne le confondons pas avec un objet. Nous sommes donc capables de reconnaître l'humanité en chaque homme, par le fait même que nous reconnaissons chaque homme comme un homme. Dire que nous reconnaissons l'humanité en chaque homme, c'est dire que nous voyons dans chaque individu singulier ce caractère universel qui définit l'humanité. Or, à bien examiner, il n'est pas évident que nous sachions ce que nous reconnaissons : à quoi reconnaît-on précisément l'humanité en chaque homme ? (...)
[...] La diversité des langues n'entre pas ici en ligne de compte. Le langage n'est pas seulement un ensemble de mots et de système grammaticaux propres à chaque langue, mais un instrument universel permettant d'exprimer une dimension universelle de l'homme : la pensée. Le langage est donc bien l'instrument d'une reconnaissance universelle de l'humanité dans chaque individu singulier. Le langage accomplit en effet la médiation, le passage de la singularité de chaque homme à l'universalité de l'humanité. Et quel est donc ce caractère universel de l'humanité que manifeste le langage ? [...]
[...] Dès lors, faut-il écarter l'idée que nous reconnaissons l'humanité en chaque homme. Peut-être faut-il plutôt dire, avec Spinoza, que nous construisons une idée générale de l'homme, en prenant pour modèles les hommes que nous avons l'habitude de rencontrer : animal doué du rire, à deux pieds, sans plumes, raisonnable, etc. Nous reconnaîtrions ainsi les hommes d'après une fiction de notre esprit, et non d'après une véritable idée universelle de l'homme. Mais peut-être aussi avons-nous fait fausse route dès le départ. [...]
[...] Mais que découvre-t-on lorsqu'on observe l'humanité dans sa diversité concrète ? Précisément, rien que la diversité : il n'est pas une coutume d'un pays qui ne soit contredite par la coutume d'un autre : ainsi le mariage est monogame dans les pays de culture judéo-chrétienne ; il est polygame chez les Indiens d'Amérique du Sud, polyandre chez les Tibétains et temporaire chez les Maoris. Il y a plus de distance de tel à tel homme qu'il n'y a de tel homme à telle bête écrit ainsi Montaigne dans son essai De l'inégalité qui est entre nous Les différentes cultures humaines, loin de nous présenter une unité de l'homme, nous dispersent dans sa diversité. [...]
[...] Devant la diversité de l'homme, il devient difficile de dire comment nous reconnaissons l'humanité en tout homme. En effet, cette humanité universelle nous échappe. Nous nous trouvons dans la situation de Diogène le Cynique, se promenant en plein jour armé d'une lanterne et répétant : Je cherche un homme Remise en question d'une nature humaine universelle Doit-on alors considérer l'idée d'humanité comme une illusion, un pur produit de notre culture ? De sorte que nous ne pourrions précisément reconnaître l'humanité en chaque homme ? Plusieurs constatations inclinent vers cette hypothèse. A. [...]
[...] A quoi reconnaît-on l'humanité en chaque homme ? Introduction Nous savons, par expérience, ce qu'est un homme. L'humanité d'un homme est immédiatement reconnaissable, dès lors que nous reconnaissons cet homme précisément comme homme et ne le confondons pas avec un objet. Nous sommes donc capables de reconnaître l'humanité en chaque homme, par le fait même que nous reconnaissons chaque homme comme un homme. Dire que nous reconnaissons l'humanité en chaque homme, c'est dire que nous voyons dans chaque individu singulier ce caractère universel qui définit l'humanité. [...]
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