Savoir si l'homme est ou non responsable du mal est une question qui a pour enjeu l'existence de la morale elle-même. En effet, pour quelles raisons faire une morale si l'homme n'a pas la liberté de s'y conformer ?
L'homme est un être doué de raison, conscient de ses désirs et de ses actes, et qui semble être capable de déterminer sa volonté à agir selon un principe déterminé. Qu'il soit responsable implique qu'il puisse supporter le poids d'une action qu'il a commise librement et en toute connaissance de cause, c'est-à-dire, en en connaissant les antécédents et les conséquences.
Le mal quant à lui renvoie à tout ce qui est nuisible pour soi et pour les autres. Il peut être moral quand il a trait à de mauvaises intentions, physique quand il s'agit de la douleur, métaphysique quand il concerne les limites et imperfections de l'homme, ou s'actualiser dans l'injustice.
La question de savoir si l'homme est ou non responsable du mal est liée au besoin de trouver une cause à l'existence du mal qui puisse justifier son existence et lui donner du sens. Quoiqu'il en soit, la question de la responsabilité de l'homme par rapport au mal pose essentiellement le problème de sa liberté. Est-il capable de déterminer librement ses actions, et d'être donc responsable du mal ?
Si l'on se place du point de vue théologique, et que l'on considère que Dieu est le principe créateur du monde, il semble que la responsabilité du mal lui revienne plutôt qu'aux hommes.
Mais si Dieu est cause du mal, cela remet en cause ses attributs comme la bonté. Il faut donc tenter de trouver un compromis entre les caractéristiques divines et le mal.
Cependant, si l'on considère que l'homme en tant qu'être possède une raison qui lui permette de se détacher du monde sensible et nécessaire, alors il peut agir librement.
[...] Il agit selon ses passions, ses penchants, conformément aux lois de la nature. - Quand l'homme se conçoit comme intelligence douée de volonté et donc de causalité, les principes déterminants ne viennent pas de l'extérieur. ( C'est en tant qu'être de raison et de ce fait, en tant qu'être possédant une volonté que l'homme peut se déterminer selon la représentation d'une loi. La volonté ; définition et rôle : la volonté est une faculté de choisir cela seulement que la raison, indépendamment de l'inclination, reconnaît comme pratiquement nécessaire. [...]
[...] ( La volonté va donc être déterminée par des principes de la raison, mais elle n'est pas soumise, selon sa nature, à ces principes. Bibliographie Malebranche ; de la recherche de la vérité Leibniz ; Essai de Théodicée, éd GF, surtout la partie I. Kant ; Critique de la raison pratique, éd Folio poche. [...]
[...] En tant que libre, l'homme serait donc responsable du mal. L'homme semble contenir en lui la possibilité de faire le mal, puisqu'il peut déterminer ses actions par sa volonté, il est libre. S'il contient cette possibilité, c'est parce que en tant qu'individu désirant, il souhaite satisfaire son intérêt particulier. C'est ce que Kant appelle le mal radical Mais en tant qu'être raisonnable, il faut aussi choisir d'agir selon sa raison. C'est cette dichotomie de l'homme qu'expose Kant. En effet, l'homme est à la fois un être sensible et un être intelligible capable d'obéir à des principes supérieurs dictés par sa raison. [...]
[...] Cependant, ce sont tout de même les hommes qui agissent et qui font ou subissent le mal. Comment ne pourraient-ils pas en être par là même responsable ? C'est parce que selon Malebranche, ils n'agissent as librement, même s'ils en ont l'illusion. En effet, pour agir, Dieu a besoin d'intermédiaires ; c'est ce que Malebranche appelle dans De la recherche de la vérité, chap. VII, les causes occasionnelles Ce sont des intermédiaires à qui Dieu ordonne d'agir. Ainsi, quand je crois bouger un membre par ma volonté, c'est Dieu qui lui dicte l'action. [...]
[...] Dans ce cas, il semblerait que ce premier principe soit la cause et donc le responsable du mal. C'est ce que pose Malebranche dans De la recherche de la vérité, où il expose que Dieu, en tant que principe créateur domine le monde et toutes les actions qui s'y déroulent. La liberté est donc une pure illusion. Au chapitre VII, il montre que Dieu est la cause première et absolue de tout ce qui arrive ; ainsi, il veut autant le bien que le mal. [...]
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