Le mythe de Prométhée décrit l'homme comme dénué de protection (griffes, poils) face à la nature et devant lui-même développer toutes ses dispositions faute d'instinct. Mais s'il est l'animal le plus dépourvu, il va pouvoir s'extraire du magma informe de la nature s'éduquer et se former. Pour ce faire, l'homme bénéficie d'une voie privilégiée qui est celle de la culture. La culture apparaît donc comme nécessaire à l'homme s'il veut parvenir à l'humanitas. Pourtant l'idée d'une voie privilégiée et nécessaire à l'humanité donne à penser la culture comme moyen : la culture est alors un moyen de production de l'homme en tremplin pour son humanité ou une fin en soi ?
L'idée de moyen semble accorder une vision réductrice de la culture qui ne serait que transformation mécanique de l'individu. Si l'homme n'est rien d'autre que le produit d'une culture peut-il alors parvenir au plein développement de ses dispositions à l'humanité et devenir un être doué de raison ?
[...] L'homme n'est-il que le produit de sa culture ? Le mythe de Prométhée décrit l'homme comme dénué de protection (griffes, poils) face à la nature et devant lui même développer toutes ses dispositions faute d'instincts. Mais s'il est l'animal le plus dépourvu, il va pouvoir s'extraire du magma informe de la de la nature s'éduquer et se former. Pour ce faire, l'homme bénéficie d'une voie privilégiée qui est celle de la culture. La culture apparaît donc comme nécessaire à l'homme s'il veut parvenir à l'humanitas. [...]
[...] L'homme ne peut-il pas devenir cultivé et moral par lui même? L'individu semble pouvoir se former sans pour autant être un simple produit de sa culture. Pour ce faire, il faut recentrer le processus de culture sur l'individu lui même. En effet, la culture n'est pas simple transformation mécanique, mais bien formation au sens d'élévation à l'humanité. La culture doit alors être abordée dans une optique désintéressée : la culture n'est pas un avoir mais un être. La culture suppose une réception critique par l'individu. [...]
[...] Si la culture peut faire de l'homme un être formaté jusqu'à dans son individualité peut-on dire alors que l'homme est le produit d'une culture? Est-ce là le prix à payer pour que l'homme puisse développer son humanitas au sein d'un groupe social? La culture peut sembler ne pas être un processus suffisant pour amener l'homme à se former comme être raisonné pouvant revendiquer une réelle individualité. C'est le constat d'inachèvement que réalise Kant dans l'Idée d'une Histoire universelle du point de vue cosmopolitique, lorsqu'il dit : Nous sommes cultivés au plus haut degré par l'art et par la science. [...]
[...] Pour faire face à cette double tendance, l'homme va acquérir la politesse et des bienséances sociales de toutes sortes. Le processus de formation à l'humanité et celui de sociabilité semblent donc étroitement liés. Ce lien étroit n'est pas révélé seulement dans les sociétés modernes, il l'est aussi dans les sociétés sauvages. Ainsi comme l'a montré l'étude que mène Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques, le rituel sacrificiel permet l'intégration sociale et la formation à l'humanité. La souffrance n'est pas signe de barbarie, mais est un outil nécessaire par son symbolisme pour générer ces rituels : par exemple lorsque l'on laboure le dos des jeunes Guarani sur toute leur surface. [...]
[...] S'il existe des chefs dans ces sociétés, ils n'ont aucun pouvoir coercitif : ils doivent convaincre par le recours à l'idée que : les ancêtres nous ont appris'', mais ne peuvent contraindre. Les chefs n'ont un pouvoir coercitif qu'en temps de guerre. Autre exemple de l'influence que la culture exerce sur l'individu. Dans les sociétés primitives, le progrès est impossible (agriculture, changements sociaux) car aucun individu ne peut prétendre à agir sur le cours des choses. Ce conditionnement pose la question de la perte de l'individualité par l'immersion au sein d'une culture. Ainsi, Marcel Gauchet parle bien d'une aliénation volontaire pour décrire le recours à l'explication exhaustive par le passé mythique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture