L'homme est-il un animal métaphysique ?

Thèmes abordés

Homme, animal métaphysique, être intelligible, métaphysique, livre alpha, Aristote, métaphysiques, nature humaine, Bernard Baruch, Auguste Comte, cours de Philosophie positive, interlude métaphysique, Cripure, Kant

Résumé du document

Cette expression paradoxale est employée par Schopenhauer dans le Chapitre XVII du Monde, comme volonté et représentation. S'étonnant devant le monde et aspirant à l'absolu, l'homme est un être profondément métaphysique, qui, contrairement aux autres êtres est concerné par la question de l'existence en tant qu'il est conscient de sa mort et de la douleur de sa vie. L'homme qui s'étonne de son existence cherche une explication au monde dans lequel il vit en faisant usage de sa raison. Pour Schopenhauer, l'homme seul perplexe face au monde quelque peu absurde qui l'entoure est poussé aux questionnements métaphysiques qui s'expriment chez lui comme un besoin.

Extraits

[...] Nous pouvons penser que chez l'animal métaphysique, il existe plusieurs espèces. Il pourrait par exemple, y avoir des tempéraments froids, qui ne se laissent pas étonner, qui ne connaissent jamais la surprise, qui sont impassibles. On pense notamment aux stoïciens qui transforment toute surprise en évidence. Dans ce cas, nous pouvons admettre une pluralité d'attitudes de perplexité face au monde. La sensibilité étant différente d'un individu à l'autre, peut- être existent-ils plusieurs systèmes métaphysiques eux-mêmes répondant aux besoins variants de telle ou telle espèce d'animal métaphysique. [...]

[...] C'est donc le sentiment qui serait à l'origine du questionnement métaphysique. Nous avons ensuite spécifié de quel ordre était-ce sentiment en affirmant que l'homme est un être doué de sensibilité qui aborde ces questionnements métaphysiques pris d'une subite passion primitive. Or, la sensibilité étant différente d'un individu à l'autre, nous avons admis qu'ils existaient peut-être plusieurs systèmes métaphysiques eux-mêmes répondant aux besoins variants de telle ou telle espèce d'animal métaphysique. Enfin, nous avons que considérer que l'homme est un animal métaphysique pose problème au sens où la raison irrésistiblement poussée vers ces questionnements se comporte comme un instinct. [...]

[...] Kant ajoute que s'il existait une « barbarie entièrement dévastatrice » qui détruirait toutes les formes de sc, la seule à survivre serait la métaphysique, car même dans l'expérience la plus vulgaire la raison a tjr le besoin (ou la prétention) de confirmer ses lois. De ce fait, nous pouvons douter de la valeur du raisonnement métaphysique. En effet, d'après le philosophe, le besoin métaphysique conduit l'homme à des contradictions et des erreurs cachées. De cette obscurité peut naître un danger. B. De l'obscurité métaphysique peut naître un abus intellectuel. L'homme ayant besoin qu'on lui apporte des réponses peut aisément se laisser convaincre par ce que Schopenhauer appelle la « Doctrine de Foi ». [...]

[...] Cette certitude fait naître chez lui un étonnement qui contient des degrés de crainte, de surprise et de douleur. Seul l'homme ressent le besoin d'expliquer les choses et leurs causes premières, car lui seul s'étonne d'exister en tant qu'il est le seul ayant vécu l'éveil de la raison (ou par la raison). La métaphysique est donc enracinée dans l'étonnement de l'existence. C'est la raison qui fait de l'homme un « animal métaphysique » en tant qu'elle est consciente que l'existence possède un début et une fin. [...]

[...] La victoire de la raison c'est d'abandonner les questionnements métaphysiques, de ne plus chercher à expliquer les causes des phénomènes. Comte prend l'exemple « le plus admirable » selon lui : « nous disons que les ph généraux de l'univers sont expliqués, autant qu'ils puissent l'être par la loi de la gravitation newtonienne » les esprits les plus brillants ne sont pas ceux qui cherchent à définir la pesanteur en dehors de sa relation avec l'attractivité, ce sont ceux qui ont compris qu'ils n'en étaient pas capables et qui ne se livrent pas à ce combat sans fin : « Aucun esprit juste ne cherche aujourd'hui à aller plus loin ». [...]