Dans Les politiques, Aristote semblait envisager la libération de tout le genre humain par la médiation d'outils complexes animés, mais non dotés de vie comme l'esclave. Il semble naturel que le lecteur contemporain envisage cette possibilité avec enthousiasme et non avec crainte, tant il semble improbable que la condition de servilité puisse être désirable en soi. Toutefois, la réflexion d'Aristote se fonde sur un postulat instable : il comparait alors la machine à l'esclave, c'est-à-dire à un être en situation d'infériorité au sein d'une relation magistrale avec un autre être. Le maître n'a en effet pas à craindre son esclave, puisqu'il celui-ci lui obéit, ni a fortiori sa machine, qui ne souffre pas de folie et semble donc d'autant plus prévisible. Pourtant, Aristote affirme également que si les esclaves accomplissent les tâches physiques rudes, c'est parce qu'ils y sont physiquement déterminés. En d'autres termes, et à l'extrême, le maître est proprement incapable d'accomplir les tâches (du moins certaines tâches) de son esclave. Il en est de même avec la machine : personne n'envisagerait aujourd'hui de construire un bâtiment sans grue ou d'allumer un feu avec des silex, autrement que par nécessité ou par folklore.
[...] N'est-‐il pas alors angoissant d'être progressivement dépossédé de nos compétences en propre, et de ne les posséder qu'en partage avec des être inorganiques et fondamentalement autres, étrangers à notre conscience ? Ne pas craindre le moment où l'absence des machines nous révèlera de façon frappante et peut-‐être funeste notre totale incapacité à nous substituer aux objets qui s'étaient auparavant substitués à nous ? enfin, prétendre maîtriser entièrement un être que l'on a crée précisément dans le but de nous décharger de la responsabilité de tout maîtriser ? Dans un premier moment, nous étudierons les causes de notre rapport si spontanément enthousiaste aux machines plutôt, si dénué de toute crainte. [...]
[...] Or, l'environnement technique de l'homme est composé d'une multitude de machines qui, faisant système d'une manière imprévue se donnant un sens par mêmes, un fonctionnement à part entière, en dehors et indépendamment de la volonté humaine qui constitue habituellement le cadre de définition de leur finalité), constituent un danger en puissance. Dès lors, la crainte devient un principe éthique, et on peut dire en ce sens que l'homme doit craindre que les machines travaillent pour lui, lorsque non seulement elles remplacent l'activité physique de l'homme, mais qu'elles font sens mêmes, au détriment de l'homme. Dissertation de philosophie L'homme craindre que les machines travaillent pour lui ? [...]
[...] La thèse de l'animal-‐ machine2 rend indirectement compte de ce lien. Si les animaux n'agissent pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leurs organes (il est intéressant de noter à cette occasion que le terme d'organon désigne en grec l'organe biologique autant que l'outil), autrement dit par le seul fait de leur système biologique particulier, il est légitime de s'interroger sur ce que serait la conscience et la volonté humaines sans les facilités apportées par ses machines. par exemple possible de différencier par la nature Victor de l'Aveyron d'un autre primate ? [...]
[...] L'homme dépend parfois vitalement de certains ensembles techniques : sans système de chauffage, ou même sans véhicules motorisés pour transporter les productions agricoles jusqu'aux usines qui les traiteront et leur donneront la forme sous laquelle ils seront consommés, l'homme se verrait incapable de se chauffer et de se nourrir tout en conservant, par exemple, un mode de vie urbain. S'il doit craindre que le travail mécanique se substitue au sien, c'est par les effets de son absence. En effet, sans la machine, l'homme devient impotent, car il une condition matérielle de son mode de vie. [...]
[...] Elle peut donc avoir deux causes : soit une absence totale de sensibilité au bien commun (au moins en tant que condition du bien individuel, ne serait-‐ce que pour la sphère sociale de l'économie financière), soit le manque de prévisions de long terme. Or, une telle projection aurait permis d'identifier les risques. Dès lors, à supposer que les risques aient été effectivement identifiés, deux cas de figure sont possibles : soit, encore, l'agent n'a aucune notion de bien commun ou ne s'en préoccupe pas (somme toute il pêcherait par omission ou par concupiscence), soit il choisit de prendre en considération les risques. [...]
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