humanité, culpabilité, raison, nature, nature humaine, morale, moralité, Aristote, Kant, Descartes, Hobbes, Rousseau, technique, développement technique, Nietzsche, passion, Hegel, liberté, vertu, Foucault, progrès, conscience
L'Homme a honte. Honte de lui-même, de ses actions, et cette honte semble être inhérente à sa condition. Il est alors nécessaire d'établir un lien aux frontières tacites entre honte et culpabilité. Être honteux, c'est se sentir responsable d'une action et s'en juger protagoniste. La honte est une forme singulière de culpabilité, un sentiment propre qui ne se peut départir de l'action ou de l'inaction, du remords ou du regret, sans jamais se confondre avec d'autres. La honte est à elle-même son propre juge, elle ne se peut être jetée que contre soi-même et ne se peut révoquer que par soi, et elle peut condamner un statisme : on peut avoir honte d'être. Seulement, dans ce tribunal de l'intime où l'Être est avec lui-même, la punition de la honte est universalisée au genre humain. C'est bien l'Homme qui doit avoir honte. Mais pourquoi ?
[...] Ainsi, la graine meurt, elle n'existe plus, elle est niée dans son existence par la sortie progressive de terre d'une pousse. Une pousse, niée par l'apparition d'une plante drue, qui finira elle-même par disparaître pour semer de nouvelles graines, plus résistantes, plus adaptées, mais toujours meilleures que les précédentes. Il est moral de ne pas avoir honte, de nourrir la plante de cette absence de honte afin qu'elle puisse se perfectionner dans l'établissement de la Raison. L'absence de morale est nécessaire partout pour édifier la morale. [...]
[...] A contrario, le « surhomme » agit, et conçoit sa propre morale à partir de son essence, détaché de l'hypocrisie qui a tué Dieu. Afin de démontrer ce raisonnement, nous proposons un exemple : un pompier se tue en intervention. Ressentons-nous de la peine ? Oui, mais pas directement à cause de la disparition de cette ipséité, plutôt par ce que la disparition implique : un « homme-outils » a disparu, il va falloir le remplacer. Pleure-t-on vraiment ? Non, nous sommes très heureux que ce soit cet individu et non nous qui se soit sacrifié. [...]
[...] Un devoir nécessaire et protecteur La honte est un devoir moral. C'est un aveu de prise de conscience de l'essence de l'Être. Seulement comment s'effectue cette prise de conscience ? Ce n'est pas par le solipsisme cartésien. En effet, concentré dans une stricte réflexion de la conscience sur elle-même, la conscience est consciente d'avoir conscience, le solipsisme est à même d'emprisonner dans une illusion comminatoire plutôt que dans l'inné salvateur, premier pas de la connaissance. L'Introspection est une dérive isolante et elle est constitutive de l'Humanité. [...]
[...] Peut-on incriminer le choix qui est fait par d'autres ? Si l'on est vertueux, non, ces individus sont libres d'agir comme bon leur semble. La vertu, la morale ne peuvent me contraindre à la honte que lorsque je m'aperçois que le choix de la vertu était plus judicieux que le choix que j'ai effectué. Pour autant, c'est une honte de ma non-humanité, de mon refus de poursuivre vers la vertu, et non une honte de mon Humanité vertueuse qui me laisse le choix, et c'est en cela que la honte est le produit d'une dérive non vertueuse, non de l'Humanité. [...]
[...] Le Progrès semble avoir installé une nouvelle Raison, celle de la machine, et ce, dans tous les domaines. Face à cela, il est nécessaire de conclure que la honte est un prérequis indispensable au maintien de l'Humanité même en préservant le Bien et en n'occultant pas le Mal, au contraire, en en enseignant les travers et la dérive. Cette culpabilité responsabilisante que revêt le sentiment de honte devient un devoir, mais face à cette ankylose de la morale comme prolongement de la technique, ce devoir se doit d'être éthique, d'être mouvant et d'avancer au gré des progrès afin de ramener partout l'Humanité par la honte, le retour en soi-même après l'interrogation d'une autre conscience, c'est en cela que la honte est un devoir éthique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture