Nous sommes des hommes c'est-à-dire les êtres les plus évolués. Nous nous distinguons des autres espèces vivantes par notre conscience, notre pensée. Or cette pensée s'incarne dans un corps auquel elle est étroitement unie. Et cette union, cette interaction de l'âme et du corps fait de nous des êtres sensibles qui éprouvons des sentiments, des désirs. Or, le désir est un mouvement vers quelque chose que l'on imagine source de satisfaction (...)
[...] Mais n'y a t il pas une ambiguïté du désir qui expliquerait qu'il puisse à la fois être la cause du malheur, de la misère de l'homme et de sa puissance, de son bonheur ? Le désir est la misère de l'homme. Le désir est manque. Il faut dès l'abord noter la différence entre désir et besoin. Le besoin se comprend comme une nécessité naturelle alors que le désir est culturel. Le besoin est matériel. Il cesse quand il a été satisfait. Quand j'ai suffisamment mangé et bu, je n'ai plus ni faim, ni soif. La simplicité du besoin naturel est illusoire. [...]
[...] S'il manque de son objet, ce qui peut évidemment arriver, c'est pour des raisons extérieurs : le départ de la personne qu'on aime, son absence, sa mort peut être. Mais ce n'est pas pour cela que je l'aime. Ce n'est pas ce qui me manque que j'aime. C'est ce que j'aime, qui parfois me manque. L'amour est premier. La joie est première. Le désir n'est donc pas une tristesse mais une joie et un épanouissement de notre être. Mais la poursuite de certains désirs ne peut elle pas nous faire souffrir ? [...]
[...] Je désire ce qui parait avoir de la valeur pour les autres afin de me valoriser moi-même ; ce n'est pas tant tel ou tel objet que je désire que ce qu'il signifie pour les autres et pour moi. Le désir est donc ce mouvement qui me pousse vers quelque chose que j'imagine être source de satisfaction. Mais je ne possède pas ce que je désire. Le désir est donc manque de quelque chose. Ce terme manque vient du latin mancus qui signifie manchot ou défectueux Il désigne la grave insuffisance ou l'absence d'une chose qui est nécessaire. [...]
[...] Le désir n'est donc pas uniquement la misère de l'homme. Il n'est pas non plus une source de joie quand nous bous épuisons dans la vaine recherche de biens illusoires. Le désir est un terme ambigu. Il nous fait effectivement souffrir et devient une faiblesse quand nous sommes dévorés par l'ambition, la soif d'argent, d'honneur. Par contre, quand il aiguillonne l'âme pour qu'elle puisse accéder au Bien, il devient source de joie. L'homme est à la fois un être de raison et de désir. [...]
[...] Ecoutons ici Deleuze le désir étreint la vie avec une puissance productrice et la reproduit d'une façon d'autant plus intense qu'il a peu de besoin Le désir, c'est la pure volonté de puissance nietzschéenne, l'élan créateur et cet élan n'a rien avoir avec le manque, avec la peur abjecte de manquer Il étreint la vie, il la crée, il crée un réel abondant, luxuriant. Il ne lui manque rien. Le désir n'est pas lié à la négativité mais au plein et à l'existence. [...]
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