L'homme est un animal mais différencié. Il se voit comme singulier. Et généralement des
attributs lui sont accolés, renforçant ainsi sa différence, sa singularité par rapport aux autres espèces : « animal raisonnable » (zoon logikon) chez les Grecs, « animal politique » (zoon politikon), « roseau pensant » de Pascal. « L'humain c'est toujours de l'animal, étymologiquement le vivant (sens du terme
grec de zoon), ou encore de « l'animé » avec quelque chose de plus1 ». L'animal serait donc un être
vivant en manque, en manque de ces attributs tels que la raison, l'âme, le langage, la conscience de
soi, la liberté qui caractériseraient l'humain.
L'animal est définit par des caractéristiques biologiques : il est « 1) un être vivant
généralement capable de se mouvoir se nourrissant de substances organiques ; 2) un être animé
dépourvu de langage (par opposition a l'homme) ; 3 il fait référence à une personne stupide, grossière
ou brutale2 ». L'homme et l'animal : l'un se définit par rapport à l'autre. Toutefois, ce sont des
concepts qui ne relèvent pas d'une réalité empirique. L'homme et l'animal, au singulier, sont des
catégories générales qui ne se rencontrent pas. Ils renvoient à un système d'oppositions binaires :
animalité/humanité, animal/humain, l'un étant le miroir inversé de l'autre. Ainsi, ce qui touche à
l'animal est connoté péjorativement, et inversement pour l'homme. Termes uniformisants, ils sont le
produit de constructions humaines, l'humanité étant constamment à la recherche d'elle-même. Et
l'« on pourrait poser cette tautologie que l'animalité d'un homme est sa non-conformité à l'idéal qui
veut qu'un homme ne soit pas un animal3 ».
[...] En effet, l'on pourra être frappé par la 12 Lenclud Gérard, Et si un lion pouvait parler Enquêtes sur l'esprit animal in Lenclud Gérard, Proust Joëlle, Joulian Frédéric (sous la dir. Les animaux pensent-ils Terrain 34, Ministère de la Culture et de la Communication, Mars Reus Estiva, op.cit Guillebaud Jean-Claude, L'homme réduit à l'animal ? op.cit. ; Lenclud Gérard, Proust Joëlle, Joulian Frédéric (sous la dir.de), op.cit. ; De Waal Frans, Le singe en nous, Paris, Coll. Le Temps des Sciences, Fayard Calame Claude, Kilani Mondher (sous la dir. [...]
[...] Toutefois, s'il est vrai que ces soupçons sur Darwin sont infondés, il n'en demeure pas moins que cette construction des catégories de l'humain et de l'animal, l'une étant le miroir inversé de l'autre, s'est effectivement reportée au sein de l'espèce humaine : une frontière, étanche là aussi, s'est dressée entre l'humanité présumée de certains et l'animalité supposée d'autres, des autres ces sous- humains Formidable plasticité des catégories, c'est la fabrique de la race que l'Occident a entreprise. A. La réintégration de l'homme dans le règne animal, mais si l'homme descend du singe descend-il pour autant de son piédestal ? Chevrier Jean-François et Maurice Christine, L'animalité comme envers de l'humain in Ibid. Derrida Jacques, L'animal que je suis in L'animal autobiographique. [...]
[...] Ces agresseurs mettaient en danger la pureté du "sang" et de "l'esprit" allemands35 et métaphoriquement, dans cette jungle, l'animal était proche de la victime allemande36 dans la mesure où les vivisecteurs devinrent assimilés aux Juifs : le mouvement allemand contre les expérimentations animales fut ainsi fortement associé à l'antisémitisme. Et c'est notamment la figure de Richard Wagner qui contribua à la convergence entre protection des animaux et antisémitisme, la persécution des Juifs étant quelquefois présentée dans ses écrits comme une revanche des animaux lésés. Identifiés comme ennemis des animaux, les Juifs l'étaient partant des Allemands. Dans cette quête de la pureté de l'identité allemande, outre ce culte des animaux et l'identification opérée avec eux, c'est un processus d'animalisation des humains qui s'est mis en place. [...]
[...] Une pierre n'a pas d'intérêts, parce qu'elle ne peut pas souffrir. Rien de ce que nous pouvons faire ne peut avoir de conséquence pour son bien-être. Une souris, au contraire, a un intérêt à ne pas être tourmentée, parce que si on la tourmente, elle souffrira. Pour Kant : l'Homme a des devoirs moraux envers les animaux car il est libre, au contraire les animaux ne sont pas libres et donc ne peuvent pas faire l'objet de droits ou de devoirs. [...]
[...] Reflet narcissique du moi ? Solitude ? Toujours est-il que l'on assiste à une hyper-personnification de l'animal (du nom à son habillage, en passant par le marché des produits pour animaux de compagnies, des cliniques vétérinaires et même de psychologues Mais là aussi, la situation reste ambiguë, car s'il est vrai que la France est le 1e pays européen en termes de foyers possédant un animal domestique, elle est également le premier en termes d'abandon, et l'on assiste à l'émergence de nouvelles pratiques, telles que le dressage de chiens en vue d'en faire de véritables armes44 (pitbulls) ou encore le trafic, l'adoption et parfois l'abandon d'animaux exotiques : c'est ainsi que l'on rencontre des serpents et des crocodiles dans les égouts de certaines grandes villes ou encore des singes en forêt. [...]
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