Si, en lisant cette citation, ce sont les archives dites « classiques » qui nous viennent à l'esprit, alors cette phrase semble traduire une évidence pour l'historien qui se confronte à la recherche. Toutefois, considérée sous un autre angle, cette citation peut renfermer une affirmation profondément novatrice par rapport aux conceptions et aux us et coutumes appliqués par certains courants historiographiques qui ont longtemps prévalu. Evidemment si l'on considère que les sources dont parle Nora ne sont pas celles en papier mais celles produites par la société des médias propre à ces dernières trente années, alors cette nouvelle prise en compte des sources audiovisuelles produites par notre société représente un vaste changement de penser et de faire l'histoire surtout pour ce qui concerne l'histoire contemporaine ou « du temps présent » dont elles découlent.
Déjà dans les années soixante-dix Pierre Nora (1931), historien français connu pour ses travaux sur l'identité nationale et la mémoire, le métier d'historien, ainsi que pour son rôle dans l'édition en sciences sociales, s'emploie à présenter « l'histoire nouvelle » et le pourquoi de son apparition. Cette Nouvelle Histoire est l'héritière institutionnelle des Annales, mais s'en différencie au plan épistémologique. « De nouveaux problèmes remettent en cause l'histoire elle-même ; de nouvelles approches modifient, enrichissent, bouleversent les secteurs traditionnels de l'histoire ; de nouveaux objets enfin apparaissent dans le champ épistémologique de l'histoire ». Trois nouveautés principales caractérisent donc l'histoire nouvelle qui veut donc s'ouvrir à de nouveaux champs de recherche en utilisant de nouveaux outils de connaissance et en décloisonnant les disciplines. On comprend donc que le renouvellement souhaité par Nora dépasse celui de la simple ouverture d'archives pour aller explorer des sources inédites.
[...] De plus, pour certains historiens affiliés à des écoles historiographiques plus classiques il est peut-être aussi assez difficile de se mettre à l'apprentissage du langage audiovisuel et médiatique ; et tout cela pour, de surcroît, étudier des sources considérées comme peut fiables ou pas très aptes à renseigner les chercheurs car appartenant plutôt à d'autres domaines tels que la communication, la sociologie, ou l'anthropologie. Cependant, quelle est la valeur de ces sources, et comment modifient- elles le savoir faire de l'historien, son approche de la source et de la matière et sa perception de la temporalité historique ? [...]
[...] Il espère recueillir ainsi des récits autobiographiques. Aux sollicitations, quelque 4000 maîtres répondent. Il invente alors le concept de sources provoquées Par ce moyen on provoque aussi le témoignage des prisonniers ou d'habitants de petits villages français. Le rôle du témoignage est donc celui de venir combler un vide historiographique, de venir s'intéresser aux petites communautés et de donner les paroles aux gens, parfois en marges de la société, qui jusque là avaient été en quelque sorte écartés de la grande histoire, celle des élites et des Etats. [...]
[...] L'historien du temps proche et les matériaux historiques Bibliographie F. Bédarida, L'historien et le métier d'historien en France (1945-1995), Editions de la Maison des sciences de l'homme, Paris p. Dans ce livre se trouve un chapitre rédigé par Jean-Loup Delmas sur l'élargissement de la notion de source qui peut être utile pour le commentaire de cette citation. Pour le reste, l'ouvrage porte un vaste regard sur le métier d'historien, ainsi que sur les thèmes de la recherche, sur le rapport des historiens à l'enseignement et aux médias. [...]
[...] Cette auréole de respectabilité ne s'élargit pas aussi systématiquement aux sources nouvelles telles que peuvent être les sources audiovisuelles ou les témoignages oraux. Ceci pour deux raisons majeures. Premièrement par leur forme de masse qui n'a pas l'unicité du manuscrit par exemple. Le fait que la production audiovisuelle se fasse en quantités considérables et jamais connues auparavant provoque la méfiance de l'historien chercheur. C'est le cas par exemple de l'historien Gérard Noiriel qui dans son livre Qu'est-ce que l'histoire contemporaine ? [...]
[...] Par exemple, par le croisement des sources, l'historien doit repérer et rectifier ces erreurs. Il faut ajuster le recours au témoignage oral par rapport à la problématique, constituer un questionnaire et poser les bonnes questions aux bonnes personnes afin de faire parler le témoin plus et mieux. Par ailleurs pour tout ce qui touche aux archives audiovisuelles il est fondamental de repérer les étapes du processus de production de l'image, du discours ou de l'émission télévisée. Ainsi, en interrogeant le processus de création, on peut déceler le langage médiatique et l'interpréter ; savoir s'il y a une forme de censure ; si le produit a été remanié au cours de ce processus, par qui et pourquoi. [...]
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