Les valeurs scientifiques sont-elles absolues, ou sont-elles au contraire à la merci de l'Histoire ?
[...] L'inductivisme soutient l'idée que les valeurs scientifiques sont absolues, car elles se basent sur le supposé réel. Il y a donc là une forme de culte de l'objectivité, des faits, de ce qui est concrètement observable. En ce sens, on se rapproche également de ce que Lorraine Daston et Peter Galsion appellent l'objectivité mécanique. Selon eux, il s'agit d'une période de l'histoire des sciences, située entre le XIXème et le XXème siècle, au cours de laquelle l'observation des faits est l'objectif à atteindre, au détriment de toute forme de raisonnement. [...]
[...] Car comme nous l'avons vu, l'histoire des sciences est bien souvent intimement liée à la grande Histoire. Afin d'apporter un début de réponse à cette question, nous nous pencherons dans un premier temps sur les concepts d'inductivisme, et d'empirisme. L'idéalisation des sciences par le grand public est un phénomène très répandu. De nombreuses idées reçues sur les différents domaines scientifiques circulent largement, et ce phénomène est souvent encouragé par les hommes et femmes politiques. Cette notion de science comme vérité absolue, comme triomphe ultime de l'esprit humain sur la nature puise en réalité ses racines dans deux concepts de pensée vieux de plusieurs siècles : l'inductivisme et l'empirisme. [...]
[...] Il y a une grande confusion du public à propos de la nature même des sciences, et c'est un phénomène largement compréhensible. Il est toujours plus confortable de catégoriser strictement les choses. Or, les sciences, par leur nature, échappent à toute tentative de catégorisation binaire, puisqu'elles ne sont ni totalement objectives et exactes, ni entièrement subjectives. Elles naviguent au contraire entre ces deux courants opposés. Peut-on donc parler de valeurs scientifiques ? Probablement, mais si elles ne sont ni absolues, ni totalement déterminées par l'Histoire, s'agit-il réellement de valeurs ? [...]
[...] Le monde de la médecine est aujourd'hui confronté à un questionnement profond. Qu'est-ce qui relève de la maladie, et qu'est-ce qui n'en est pas ? Dans nos sociétés occidentales jeunistes qui tiennent le vieillissement en horreur absolue, il est compréhensible que certaines afflictions du corps arrivant avec l'âge soient considérées comme des maladies qu'il faut traiter. Et, bien qu'une grande partie de la communauté médicale réfute cette qualification, dans les faits, beaucoup de médecins perpétuent cette vision. C'est par exemple souvent le cas des personnes en surpoids, dont il n'est pas rare qu'elles soient culpabilisées par le corps médical. [...]
[...] Pour Karl Popper, philosophe autrichien du XXème siècle, les sciences ne sont pas une affaire d'induction mais de déduction. Cela veut dire que les théories préexistent l'observation des faits, à des niveaux différents bien sûr. D'après lui, il s'agit de la grande erreur de l'histoire des sciences de considérer l'induction comme le processus scientifique naturel. Mais si la théorisation précède l'observation et en est autonome, n'est-ce pas la porte ouverte à une subjectivité dangereuse dans des domaines aussi sérieux ? [...]
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