L'histoire joue un rôle crucial dans l'élaboration d'une nation et nous sommes naturellement enclins à penser que l'amélioration de sa connaissance, que le progrès de son étude occasionne proportionnellement un progrès de la nationalité. Or, l'historien Ernest Renan dans son ouvrage.
[...] Cependant, bien que souvent le progrès des études historiques soit pour la nationalité un danger, il ne faut pas oublier le paramètre essentiel qui définit la notion même de nation : elle est fondée sur une histoire commune et sur des traditions, c'est-à-dire que ce qui a été transmis par les générations passées fait aujourd'hui partie du présent. Ainsi une connaissance approfondie de son passé exacerbe le sentiment national. On peut également se demander où commence et où finit l'histoire de la nation et discuter de l'importance de la conservation de la nation pour la conservation de l'homme. Marx dénonce la force de l'idéologie culturelle qui fait que les hommes agissent en fonction de codes dictés par leur appartenance à une nation et en fonction de leur héritage culturel. [...]
[...] Ce modèle traverse d'ailleurs les siècles et Corneille cherche ainsi à influencer l'action de Richelieu et de Louis XIII pour fortifier sa nation du XVIIè siècle. De même, Marx nous apprend dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte que les révolutionnaires bourgeois prennent pour modèle des héros romains, quant à Chateaubriand, il nous parle dans ses Mémoires d'Outre-Tombe du modèle du héros vendéen qui avait vu périr trois cent milles hercules de charrue, compagnons de ses travaux et de la façon dont lui-même était perçu par l'armée prussienne et le duc de Brunswick : un héros qui représente l'ancienne armée française dans personne Le mythe fondateur Outre le modèle du héros, les hommes ont besoin de croire en des mythes et des légendes. [...]
[...] Le progrès des études historiques en cela qu'il rectifie les oublis et les erreurs historiques représente alors un danger pour la nationalité, c'est-à- dire l'existence en tant que nation d'un groupe d'homme unis par une communauté de territoire, de langue, de traditions, d'aspiration qui maintient et revendique cette existence. Nietzche pense d'ailleurs dans ses Considérations intempestives II qu'un excès d'historicité est nuisible à l'homme en le privant d'une part de sa liberté et donc en affaiblissant la nation qui est une association fondée sur la liberté de choix des membres qui la constituent L'animal vit d'une vie non historique. [...]
[...] Le progrès des études historiques peut donc briser les fondements de cette nation mais si la connaissance par ailleurs des épreuves traversées est suffisamment solide, la volonté commune d'association perdure dans le présent. Cependant, les volontés humaines sont mouvantes et on peut alors se demander si la nation restera l'une des formes privilégiée de l'association des hommes dans l'avenir. [...]
[...] Lorsque l'on pense l'histoire, on peut mesurer la part de conditionnement qui réside en soi et par là même s'en libérer et se révolter contre la structure qui nous l'imposait, autrement dit la nation. Ainsi Marx explique que les moyens culturels que la superstructure, (c'est- à-dire les règles politiques et morales) avait produits se révoltaient contre sa propre civilisation. De même Chateaubriand nous dit que l'instruction permet la prise de conscience d'où une possible révolte déstabilisatrice de la nation : mesure que l'instruction descend dans les classes inférieures, celles-ci découvrent la place plaie secrète qui ronge l'ordre social et religieux Penser l'histoire délivre un savoir rationnel probable et émancipe par là des affects. [...]
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