Comme l'a définit Ernest Renan, une des composantes principales de la Nation, c'est l'histoire, le passé commun. Se poser des questions sur notre histoire, vouloir ériger un devoir de mémoire pour certains faits et célébrer des commémorations, c'est s'interroger sur notre passé, qui est l'élément constitutif de notre identité nationale. D'où les réactions virulentes au cours des débats sur ce qui se rapporte à notre Histoire.
Est-il donc possible de concilier cette tendance au devoir de mémoire et à la multiplication des commémorations qui semblent consolider une identité nationale avec l'Histoire qui est une analyse scientifique distanciée?
Nous avons décidé de diviser cet exposé en 3 thèmes, le premier s'attachera à expliquer l'intérêt croissant des Français pour la mémoire, l'Histoire, et les commémorations.
Puis, nous montrerons les rapports conflictuels entre la mémoire, l'histoire, et le politique. Enfin, nous tenterons de matérialiser ce qui aura été dit dans les deux premières parties de notre exposé en étudiant deux cas pratiques ou plutôt deux pans de l'Histoire Française dont la France a du mal à faire face : la Seconde guerre mondiale et la Colonisation.
[...] Histoire, mémoire et commémoration Le devoir de mémoire, l'histoire et les commémorations sont en vogue depuis déjà quelques années. Ce phénomène touche différents domaines. Pour ne prendre que les exemples les plus récents et médiatiques, on peut citer au niveau artistique et culturel : le film Indigènes qui avait ému Jacques Chirac au point qu'il ne commence à reconsidérer sa position sur le statut des Harkis, sur l'histoire de la France : la mort de Maurice Papon a fait resurgir le douloureux procès qui avait obligé l'Etat, sinon la France tout entière à se poser des questions sur le régime de Vichy, l'hommage rendu aux Justes et enfin, au niveau législatif : la loi sur les rapatriés. [...]
[...] Voir en la justice une source productrice de paix historique et politique paraît dès lors une illusion, quels que soient les jugements rendus. Si les opérations de maintien de l'ordre en Algérie ont été qualifiées de guerre par la loi de 1999, la position officielle n'a pas évolué: la dimension collective de la guerre est restée absente du discours politique. Aujourd'hui, c'est la fiction d'une guerre sans responsabilités politiques qui est contestée. C. Culpabilité repentance et pardon 1. L'émergence de la repentance Depuis les années 90, la repentance publique est à la mode. [...]
[...] Parler en France de la mémoire, c'est toucher à une valeur civique essentielle, marquée par la mauvaise conscience, les commémorations, mais aussi les manipulations. Lorsqu'il s'agit de la période coloniale, c'est difficile. Car la mémoire coloniale en France pose des questions complexes, la colonisation est un véritable trou de mémoire sur les deux derniers siècles. Peut-être l'histoire coloniale a besoin d'être posée à l'extérieur de la France où le débat est bloqué. Le piège d'une militance de la mémoire coloniale serait ainsi de ne pas tenir compte des conditions de formation de la mémoire et des conditions sociales particulières de réception. [...]
[...] Bibliographie indicative Devoir de mémoire, droit à l'oubli ? [...]
[...] L'étude comparative du droit au souvenir et du devoir de mémoire conduit à poser la question fondamentale, celle de la finalité de ces deux concepts. Le droit au souvenir, comme le devoir de mémoire ne portent pas en eux- mêmes leur propre finalité. On ne commémore pas pour commémorer, on ne témoigne pas pour témoigner. On se souvient et on fait mémoire pour fixer, sauvegarder, renforcer et transmettre une idéologie. En plaçant au centre du dispositif d'hommage le Mort pour la patrie le droit au souvenir sert à enraciner l'idéologie nationale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture