Aujourd'hui, en France, l'histoire est source de nombre de questions au quotidien. La dernière en date est cette volonté du Président de la République que chaque élève de cours moyen connaisse le nom et la biographie d'un enfant juif déporté. Cette proposition a été source de polémique et de dissensions dans tout le pays, et n'est pas sans nous faire penser à un "excès", un "abus d'histoire".
Or, selon Nietzsche, "l'excès d'histoire nuit au vivant" : nous pourrions donc nous demander si un homme peut vivre en se tenant délibérément en dehors de l'histoire. Cette question est intéressante car dès lors, on pourrait savoir si en se tenant en dehors de l'histoire, on peut en éviter certains désagréments (...)
[...] Aldous Huxley, dans Collected Essays, dit que le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l'Histoire est la leçon la plus importante que l'Histoire nous enseigne. Ainsi, avant de décider de vivre en dehors de l'histoire, il est peut-être bon de se demander si ce n'est pas avant tout un devoir pour l'Homme de connaître son passé : devrait-on, à la fameuse maxime nul n'est censé ignorer la loi y associer une nouvelle : nul n'est censé ignorer l'histoire ? [...]
[...] Ce terme en fait, émergé à l'époque de la seconde Guerre Mondiale. En effet, des chercheurs comme la sociologue Hannah Arendt (Les Origines du Totalitarisme) ou l'historienne Annette Wieworka ont commencé à travailler en profondeur sur les origines (causes chronologique) et fondements (causes logiques) de cette guerre. Ces intellectuels ont démontré l'importance d'une conscience collective du passé, qui serait une sorte de garde-fou pour tenter d'éviter de pareilles horreurs dans le futur. On comprend donc combien ne pas connaître l'histoire place l'homme à la limite de la légalité et empêche un homme de vivre sciemment et sereinement. [...]
[...] Assurément, il peut vivre ainsi, mais qu'est-ce qu'une telle vie ! Certes, Hitler fait partie des plus horribles personnalités que le monde ait portées, mais cette citation n'en demeure pas moins fort révélatrice, venant d'un personnage ayant profondément marqué son temps sa manière. On comprend donc que, par ces différents exemples, ce choix de vivre en dehors des faits et de leur enchaînement, ce choix de s'exclure de la société est donc intrinsèquement tout à fait respectable, mais il peut parfois conduire à un certain isolement. [...]
[...] Il faut, dès lors qu'il comprenne bien son propre rôle : il n'est pas seul à pouvoir changer le cours des choses, il faut parfois le considérer comme appartenant à une classe, et surtout savoir de quelle histoire on parle. Un homme ne peut donc pas mener une vie totalement paisible et aspirer au bonheur, en se tenant délibérément en dehors de l'histoire. Cette décision de se tenir à l'écart de l'histoire n'est d'ailleurs pas anodine, peu courante et ne se prend pas à la légère. [...]
[...] Cette question est intéressante car dès lors, on pourrait savoir si en se tenant en dehors de l'histoire, on peut en éviter certains désagréments. Ainsi, au cours de notre réflexion, il s'agira de se demander comment l'histoire, comprise comme enchaînement d'événements passés mais aussi étude de cet enchaînement, peut nuire ou au contraire profiter à l'homme ou au vivant. Cependant, il ne faudra pas tomber dans une énumération, un catalogage peu enrichissant, mais de classer par catégories ces différents apports. [...]
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