Canguilhem se présente lui-même comme le continuateur de Bachelard. On note d'ailleurs une proximité de style entre les deux auteurs (Canguilhem parlant à ce titre du ‘style insolite de Bachelard' et pensant ainsi au sien).
Canguilhem reprend a Bachelard l'idée du primat de l'erreur, la notion d'obstacle épistémologique (en y apportant des aménagements), l'idée d'un rationalisme ouvert.
[...] Objet de l'histoire des sciences. L'objet de l'épistémologie ne peut être qu'historique : c'est dans les actes même du savoir qu'il faut rechercher l'épistémologie. Ainsi toute théorie de la connaissance commence par une histoire des sciences. Dans son article sur l'objet de l'histoire des sciences, Canguilhem explique ce que l'histoire des sciences n'est pas et en contrepartie ce qu'elle doit être : - Contre l'histoire anecdotique influencée par le présent : avant tout l'histoire des sciences ne doit pas être une histoire anecdotique ou antiquaire, il ne s'agit pas seulement d'accumuler ; contre l'histoire historique qui traite des querelles de priorité, Canguilhem écrit : l'histoire d'une science ne saurait être une simple collection de biographies, ni à plus forte raison un tableau chronologique agrémenté d'anecdotes. [...]
[...] On produirait certainement toujours de la science. Même l'acceptation de l'idée marxiste n'interdit pas qu'il y ait encore de la science : toutefois, l'histoire continue, et même on doit dire qu'elle commence Ainsi la science ne cessera d'être produite et on ne peut lui déterminer une cours paisible : ne peut-on pas soutenir que la production progressive de connaissances scientifiques nouvelles requiert, à l'avenir comme dans le passé, une certaine antériorité de l'aventure intellectuelle sur la rationalisation, un dépassement présomptueux, par les exigences de la vie et de l'action, de ce qu'il faudrait déjà connaître et avoir vérifié, avec prudence et méfiance, pour que les hommes se rapportent à la nature selon de nouveaux rapports en toute sécurité La délicate délimitation de ce qui est idéologie. [...]
[...] L'idéologie ne se forme pas en dehors de la science, elle est nécessairement calquée sur un développement scientifique ultérieur car son but est d'être à son tour science : l'existence d'idéologies scientifiques implique l'existence parallèle et préalable de discours scientifiques ; Si l'idéologie scientifique méconnaît les exigences scientifiques, elle n'est pourtant pas ignorance au refus de la fonction de la science. En ce sens l'idéologie scientifique ne peut être taxée de superstition car elle ne tient pas un discours fondé en dehors de la science. Il y a déplacement de l'idéologie scientifique à la science. [...]
[...] Ainsi le passé d'une science est construit par l'épistémologie. Canguilhem s'élève contre cette expression vulgaire de ‘passé d'une science' qui est comme un fourre tout de l'interrogation rétrospective ; l'histoire d'un passé d'une science vient d'une décision. L'épistémologie va permettre de mieux distinguer l'histoire des sciences périmée de l'histoire des sciences sanctionnées, l'image du juge est celle d'une décision qui va déterminer l'histoire d'une science, Koyré déclare ainsi : l'objet d'une histoire des sciences est délimité par une décision volontaire L'histoire épistémologique est instruite par la science fraîche, l'histoire des sciences, elle, est une science particulière, elle est celle d'un rapport avec la vérité. [...]
[...] L'idéologie est la condition de possibilité de la science ; elle n'est pas seulement une fausse science mais aussi ce qui rend possible la science, ce qui la déplace, la transforme : l'idéologie scientifique a une histoire, trouve une fin quand le lien qu'elle occupe dans l'encyclopédie du savoir se trouve investit par une discipline qui fait la preuve spontanément de la validité de ses normes de scientificité La volonté d'être science. L'idéologie scientifique veut être une science, elle a cela pour condition, elle n'est pas un fausse science, ni une fausse conscience comme l'est l'idéologie politique de classe ; pour une fausse science il n'y a pas d'état pré scientifique. Le discours de la fausse science ne peut recevoir de démenti. [...]
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