De nombreux romans d'apprentissage racontent l'histoire d'un jeune homme plein d'espoirs qui perd ses illusions en étant confronté à la réalité historique. D'emblée, l'histoire apparaît ainsi comme l'échec réel de nos croyances idéelles ou idéales. Pourtant, Hérodote, considéré comme le premier historien a mené une enquête et répertorié les croyances de ses contemporains pour qu'elles ne soient pas oubliées. L'histoire apparaît par conséquent étymologiquement comme la conservation réussie de nos croyances.
L'histoire apparaît donc comme un récit, une discipline scientifique; mais l'Histoire, c'est surtout la représentation de la vie des hommes en tant que moi singulier et en tant que collectivité politique: chacun a une histoire personnelle et s'inscrit dans un cadre historique particulier. La croyance est un tenir-pour-vrai qui se caractérise, selon Kant dans le « canon de la raison pure », comme un mixte de suffisance subjective et d'insuffisance objective. Il y a donc une distorsion, inhérente à l'essence même de la croyance, entre l'idée et la réalité de la croyance, entre la représentation de l'Histoire et la réalité historique. Pourtant, l'histoire est-elle condamnée à l'échec de nos croyances? N'est-elle pas plutôt une tentative plus ou moins réussie de mise en application de notre croyance?
[...] Son application dans la réalité historique ne peut donc qu'être dissimulation et distorsion de l'idée, c'est ce qu'a montré l'histoire avec l'échec de l'expérience soviétique. Ainsi, l'histoire est l'échec de nos croyances et elle ne doit pas être la réussite de nos idéologies sous peine de voir l'avènement du totalitarisme. Enfin, l'histoire est aussi l'échec de nos croyances idéales ou utopistes. L'Utopie de More est un lieu de nulle part, un hors lieu, un Eldorado, une cité humaine parfaite ou presque qui se caractérise par une économie de type communiste, un espace symétrique et mathématisé, des lois absolues. [...]
[...] Mais, dans un second temps, l'histoire condamne irrémédiablement toute forme de croyance à l'échec. Pourtant, la croyance est le moteur de l'histoire et donc réussite anticipée de l'histoire qui peut être réussite effective dans l'histoire à condition d'y croire. L'homme post-moderne qui bricole avec les croyances et ne peut plus en l'histoire doit de nouveau croire en la croyance et en l'histoire pour que se réalisent ses croyances dans l'histoire et dans sa propre histoire. La réussite de nos croyances personnelles et collectives tient à notre conviction de pouvoir les faire réussir dans l'histoire du moi et dans l'Histoire de l'humanité. [...]
[...] Ainsi, l'histoire, en tant que récit, est la réussite de la croyance dans le politique. Plus encore, l'histoire est la réussite anticipée de la croyance car la croyance est le moteur de l'histoire et le fondement du politique dans une histoire donnée. Toute société cherche à donner des réponses à des questions sur son identité, son rapport au monde, ses besoins car aucune société ne peut exister sans un système de croyances au moyen duquel elle se pose dans l'être et donc dans l'histoire. [...]
[...] La croyance est un tenir-pour-vrai qui se caractérise, selon Kant dans le canon de la raison pure comme un mixte de suffisance subjective et d'insuffisance objective. Il y a donc une distorsion, inhérente à l'essence même de la croyance, entre l'idée et la réalité de la croyance, entre la représentation de l'Histoire et la réalité historique. Pourtant, l'histoire est-elle condamnée à l'échec de nos croyances? N'est-elle pas plutôt une tentative plus ou moins réussie de mise en application de notre croyance? [...]
[...] Ainsi, l'histoire est inévitablement l'échec plus ou moins effectif de toute forme de croyance. La croyance est-elle pour autant inutile à l'histoire? Etant donné que la réussite de son contraire, à savoir le savoir, dans l'histoire représente un danger politique et humain, quelle doit être la place de la croyance dans le politique et dans l'histoire? La croyance est le moteur de l'Histoire collective et individuelle et donc l'histoire est la réussite anticipée de la croyance individuelle et collective. L'histoire, en tant que science de l'homme, est réussite de la croyance car elle ne peut tout savoir. [...]
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