C'est ensuite affronter un paradoxe, le beau n'est-il pas éternel, par delà les différences de canon ou d'esthétiques, objets de l'histoire des arts. Si le beau est une Idée, c'est-à-dire une essence, un principe, une forme, alors il ne dépend pas des aventures du jugement humain. Mais, il peut aussi être une représentation liée à un sentiment de plaisir et néanmoins être posé comme universel auquel cas il faut conclure à son an-historicité. Si il n'est ni une essence, ni une représentation universelle, il n'a pas de consistance propre, il y a dès lors un devenir informe des goûts. Cela ne fait pas une histoire du beau en soi, du beau en tant que beau, cela ne fait même pas une histoire, si par histoire on entend au-delà d'une succession contingente d'accidents, l'unité de cette succession (...)
[...] Comment lʼéternité du beau dans ces conditions pourrait-elle exclure lʼhistoire ? Le beau ne donne-t-il pas forme à la vie, digne dʼêtre honorée, racontée. Platon est peut-être plus accueillant à lʼhistoire quʼon le pense communément. Lʼéloge funèbre de Périclès ne donne-t-il pas lʼexemple dʼune vie politique modelée par la forme et par la force du beau. Cette vie est fondée sur une paideia valorisant le loisir qui rend la pensée disponible pour les belles choses, qui valent en elles-mêmes et pour leur sujet. [...]
[...] Lʼintérêt de lʼidée dʼun déploiement historique du beau serait alors de prendre en charge les contenus variés de lʼexpérience du beau qui sont la matière de lʼesthétique, de lʼhistoire, de lʼhistoire des arts, et qui ne sont réduits à lʼanecdote que par défaut de concept. I. Une conception an-historique du beau II. Nécessité de déployer le beau historiquement III. Insister sur la dimension de la mutation I. Le sens de lʼéternité du beau Nous parlons du beau en soi, dans ces conditions le beau ne varie pas avec le temps. Nous pensons le beau comme forme, il est est lʼapparaître de la forme et, si nous disons apparaître, cette forme doit inclure la dimension du temps. [...]
[...] Le beau est une expérience et apparaît de toute nécessité sensiblement. Il y a une corrélation essentielle entre le beau et lʼamour du beau. Le banquet présente lʼamour comme désir dʼengendrement dans le beau, cʼest à dire dʼengendrement dans les conditions du beau. Ainsi, qui aime une belle âme a le souci de lʼengendrer : lien entre eros, lʼexcellence et le beau. Ainsi, le beau discours instruit lʼâme au sujet de son excellence, de sa vertu : ces vertus sont les vertus de la Cité. [...]
[...] En même temps, ce qui vient de sʼécrire apparaît pour le narrateur comme son projet. Cʼest là lʼexpérience moderne du beau en ceci quʼelle recueille au delà de la mémoire du narrateur, la mémoire de lʼart, les vitraux des cathédrales, Venise, la mémoire de lʼhumanité, le passé de lʼesprit. Lʼéternité du beau historique tient à son caractère dʼhumanité. Avons-nous atteint lʼhistoricité du beau. Hegel penser cette historicité comme déploiement dʼune unique idée et nous voudrions avancer vers la possibilité dʼun beau à venir. [...]
[...] Donc lʼesprit dʼun peuple est une figure. Cʼest donc lʼesprit qui prend forme, qui donne forme à sa propre liberté en sʼextériorisant dans le sensible. Lʼhistoire est donc la manifestation en des événements liés en un processus de la liberté de lʼesprit. Le beau nʼest rien dʼautre que la beauté de cette liberté, extériorisée dans le sensible où sont la couleur, le signifiant ou la matière du beau. Lʼhistoire du beau est la figuration sensible par lʼesprit, de sa liberté, à travers des oeuvres dʼart qui renvoient à la variété des esprits du peuple. [...]
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