On a vu maintes fois dans l'histoire des hommes lutté pour conquérir leur liberté contre des régimes despotiques et se retrouver pourtant, une fois l'ancien ordre politique renversé, asservis à de nouveaux maîtres, oublieux de leur idéal de justice et de liberté aussitôt parvenus au pouvoir.
Peut-on malgré tout espérer instaurer un jour une société juste où ceux qui exercent le pouvoir ne finissent pas, tôt ou tard, par en abuser ?
À cette question, Kant propose dans ce texte une réponse apparemment très pessimiste : les hommes étant ce qu'ils sont, il ne faut pas s'attendre à trouver parmi eux des chefs capables de gouverner de manière absolument juste. La question de l'établissement de la « justice publique » est destinée à rester sans solution (...)
[...] Emmanuel Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique D.R. [INTRODUCTION] On a vu maintes fois dans l'histoire des hommes lutté pour conquérir leur liberté contre des régimes despotiques et se retrouver pourtant, une fois l'ancien ordre politique renversé, asservis à de nouveaux maîtres, oublieux de leur idéal de justice et de liberté aussitôt parvenus au pouvoir. Peut-on malgré tout espérer instaurer un jour une société juste où ceux qui exercent le pouvoir ne finissent pas, tôt ou tard, par en abuser ? [...]
[...] Dans ces conditions, on saisit aisément pourquoi l'instauration de la justice est si puissamment entravée par ces dispositions contradictoires et conflictuelles. D'où la nécessité de se trouver un maître capable d'imposer aux hommes ce qu'ils ne savent ni ne veulent s'imposer à eux mêmes et par eux-mêmes. Les hommes ont donc besoin d'un maître. Le maître dont il est question tout au long du texte n'a rien du despote tyrannique qui soumet les hommes à sa loi, sous prétexte que ces derniers seraient semblables à des bêtes sauvages qu'il faudrait par tous les moyens empêcher de nuire. [...]
[...] Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal qui a besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même : soit qu'il choisisse à cet effet une personne unique, soit qu'il adresse à une élite de personnes triées au sein de la société. [...]
[...] Tout la suite du texte explore les aspects de cette aporie et insiste sur le fait qu'aucun homme n'est finalement digne d'être le maître et de régner sur ses semblables. En effet, à partir de là, Kant ne laisse aucune chance à une solution satisfaisante et n'autorise aucune illusion : l'exercice du pouvoir, quelle que soit la forme qu'il puisse prendre, compote un risque incontournable, celui de l'abus de pouvoir. Car il faudrait que celui ou ceux qui l'exercent ne soient jamais tentés de profiter de leur situation, qu'ils n'aient pas besoin à leur tour d'un maître. Mais n'est-ce-pas dire qu'il faudrait qu'ils ne soient pas des hommes ? [...]
[...] Il témoigne à sa manière de cette vérité que rapporte l'opinion : les hommes ne sont pas justes volontairement, par bonne volonté mais seulement par crainte d'être punis. Pour reprendre l'expression de Kant dans notre texte, ils ne sont pas justes par eux-mêmes .On ne peut guère attendre mieux de notre humaine condition Le maître dont nous parle Kant, puisque par définition l'homme, ne saurait faire exception. Le texte s'achève donc sur cette contradiction indépassable : être juste pour lui-même et cependant être un homme Contradiction qui nous confronte à un problème insoluble et qui semble à l'avance condamner à l'échec toutes les tentatives pour essayer de sortir de l'impasse. [...]
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