Dissertation de Philosophie tentant de répondre à la question suivante : "Qu'est-ce qu'une vie heureuse ?".
[...] L'accord avec Dieu nous échappe : tout comme glisse entre nos mains, tel du sable. L'accord avec le monde historique est une promesse fallacieuse de bonheur. Mais il faut encore creuser un autre accord et un autre lien : nous voulons parler de l'accord de l'homme avec lui-même. Si, en effet, l'expression existence heureuse ne doit pas être rayée de notre langage, ne convient-il pas d'en faire un accord avec soi- même, une unification maîtrisée de notre propre projet, unification et accord pouvant, au fond, être envisagés de deux manières ? [...]
[...] Ainsi il semble bien que l'expression la vie heureuse acquière ici un autre sens, prenant la figure de l'engagement par lequel l'homme domine le réel et le façonne à sa guise, tentant d'être en unité avec lui. Avons-nous, dès lors, défini une vie heureuse, c'est-à-dire une existence établissant un accord entre les valeurs du sujet et le monde réel ? Rien n'est moins évident. En effet, un certain nombre d'objections conduisent à rejeter cette notion d'une vie heureuse conçue comme adaptation progressive de l'homme et du monde. Cet accord est ici fondamentalement historique comme tentative pour maîtriser l'Avenir du genre humain. [...]
[...] Le sens du sujet est donc le suivant : en quoi consiste l'essence d'une existence réalisant un accord entre les valeurs humaines et l'ordre du réel ? Qu'est-ce que cet accord et cette unité ? Le problème posé par le sujet est celui de savoir si la totale suffisance qui est l'objectif du bonheur est possible. L'homme est-il en mesure d'avoir, en lui-même, les ressources suffisantes pour satisfaire son aspiration à un état de satisfaction complète ? La vie heureuse est en accord avec le divin. Quelle est l'essence d'une vie heureuse, manifestant un accord entre nous-mêmes et le monde ? [...]
[...] Ici la vie heureuse désigne cette parfaite maîtrise et cette unité totale de l'homme. Le bonheur, disait Épictète, ne consiste point à acquérir et à jouir. Il consiste à être libre Libre, c'est-à-dire autonome grâce à la raison unifiant l'ordre des pensées. Mais cette idée d'un accord avec soi-même peut prendre une autre signification, esthétique, cette fois-ci, et la vie heureuse désigne alors l'harmonie d'une vie s'organisant de manière belle et durable. L'accord prend ici une résonance esthétique et devient une tâche d'artiste organisant sa vie : Faire du bonheur une valeur esthétique, ce n'est pas en mépriser l'importance, mais c'est, en marge du devoir, en faire un des moyens d'expression et de prise de conscience de l'homme par lui-même. [...]
[...] La vie heureuse est un accord avec le monde. La vie heureuse est un accord et une unité, unité entre l'ordre de l'homme et l'ordre du réel. S'il ne peut plus y avoir unité avec l'ordre divin, ne peut-il y avoir unité avec l'ordre du monde et, tout spécialement, l'ordre historique ? Ici, la rencontre accordée et unifiée de deux mondes semble permettre de fournir, de manière plus modeste, la définition envisagée. Être heureux, pour nous, n'est-ce point soumettre le monde à nos valeurs et le transformer historiquement ? [...]
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