Herder proteste contre l'universalisme vaniteux des Lumières et leur oppose de façon véhémente la diversité respectable de toutes les cultures et de toutes les époques, chacune représentant une forme d'humanité susceptible de connaître le Bien, l'épanouissement. Afin de saisir la profonde complexité de la pensée Herderienne, il est nécessaire de préciser dans un premier temps le contexte dans lequel Herder écrivit cet ouvrage ainsi que les influences philosophiques qui encadraient sa pensée pour, par la suite, pouvoir comprendre sa critique passionnée du rationalisme des Lumières
[...] Selon Herder, l'origine des nations est avant tout poétique, héroïque et mythique, et ne peut être appréhendé par la Raison abstraite des philosophes du XVIIIe siècle. Pour cela, le penseur allemand tente de reconsidérer ce que la Raison refuse : la religion et les préjugés. Herder affirme leur nécessité afin de forger un peuple, une nation. Ils sont pour lui les principaux vecteurs de l'élaboration d'une culture forte et sans eux, aucune histoire n'aurait été possible. Dans la première section de Histoire et Cultures, il insiste sur le fait qu'aux premiers temps d'une nation, c'est par la conviction et non par la raison que le Patriarche crée des bases culturelles : “Vois ce qui était ou du moins semblait être le Droit et le Bien. [...]
[...] Des fondements furent alors posés, qui ne pouvaient être posés différemment. Comme cela était nécessaire ! et bon ! et utile à l'ensemble du genre humain ! Des siècles ont bâti sur eux, des ouragans d'époques historiques, mais ils subsistent encore ! et heureusement puisque tout repose sur eux.” A partir de là, il semble absurde pour Herder de vouloir renier un passé, certes peu rationnel, mais si nécessaire à une évolution future. L'universalisme abstrait des Lumières représenterait donc un véritable danger pour les peuples car il condamnerait toutes les convictions fondatrices sur lesquelles les nations se sont élevées. [...]
[...] La reprise détournée, à buts belliqueux, de ses plus grandes idées a en effet contribué à faire oublier la volonté avant tout pacifiste et unitaire de Herder, comme en témoignent ces quelques lignes (citées par Isaiah Berlin dans Le bois tordu de l'humanité : romantisme, nationalisme et totalitarisme) : patriotisme est une chose, le nationalisme en est une autre ( . Toutes les grandes guerres sont essentiellement des guerres civiles, car les hommes sont frères, et les guerres sont un fratricide abominable”. [...]
[...] Herder, Histoire et cultures, une autre philosophie de l'histoire Introduction En 1765, Voltaire publiait Philosophie de l'histoire par feu l'abbé Bazin, ouvrage exposant la philosophie dite Lumières” basée sur l'idée d'une progression incessante de l'humanité guidée par la Raison. A cette publication en accord avec les convictions générales de l'époque, Herder, jeune penseur allemand, répondit par un ouvrage polémique en forme de clin d'oeil intitulé Histoire et Cultures, une autre philosophie de l'histoire, sorte d'assaut lancé contre ces “philosophes de Paris” qui faisaient coïncider diffusion des Lumières et amélioration du monde. [...]
[...] De ce fait, la tradition féodale reste forte et les vanités ethnico-nationales ne diminuent pas, bien au contraire. Des points de vue religieux, politique, culturel et même linguistique, l'histoire européenne semble donc faite de deux destinées contradictoires: l'unité à l'Ouest et la dispersion, l'émiettement à l'Est. Une des conséquences de cette différence historique est la domination des idées, des pratiques et même de la langue des nations occidentales sur, et c'est ici que se situe un point important de la théorie culturelle Herdérienne, les nations orientales, et notamment germaniques, au nom de la doctrine universaliste des philosophes des Lumières. [...]
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