Partant d'exemples tirés de l'art (le portrait) et terminant en se référant aux "outils techniques", Hegel propose une réflexion sur l'activité technique au sens le plus large, en se demandant quel aspect de cette activité procure à l'artiste ou à l'artisan la joie la plus profonde. Son but est de démontrer que ce n'est pas l'imitation de la nature qui apporte une telle joie mais plutôt la création originale (...)
[...] Mais l'imitation de la nature ne demeure-t-elle pas d'une certaine façon une création ? Comme l'artiste qui veut peindre une nature morte ne peut pas utiliser les mêmes moyens que la nature elle-même, il devra trouver des procédés permettant de saisir le grain de telle écorce, le luisant de telle plume, etc. Il pourra également choisir la disposition, la lumière. On trouve dans les musées des natures mortes qui ne représentent rien d'autre que des réalités naturelles mais qui sont d'authentiques œuvres d'art. [...]
[...] Imitation et évocation C'est qu'il y a une grande différence entre peindre une nature morte et réaliser une fausse tarte au citron pour une devanture de pâtissier ! C'est dans le second cas seulement que l'on peut véritablement parler d'imitation. On ne peut alors que remarquer que l'on s'y tromperait que le trompe-l'œil est parfaitement réussi. Mais au-delà de cette fonction de ressemblance, il n'y a plus rien à remarquer. Au contraire, la nature morte n'est pas imitation mais évocation, c'est-à-dire qu'elle a déjà une valeur métaphorique, elle est une poétisation de la nature. C'est dans cette mesure qu'elle apporte plus de joie à l'artiste. [...]
[...] Texte étudié : Quel but l'homme poursuit-il en imitant la nature ? Celui de s'éprouver lui-même, de montrer son habileté et de se réjouir d'avoir fabriqué quelque chose ayant une apparence naturelle. [ Mais cette joie et cette admiration de soi-même ne tardent pas à tourner en ennui et mécontentement, et cela d'autant plus vite et plus facilement que l'imitation reproduit plus fidèlement le modèle naturel. Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. [...]
[...] En effet, comme le dit Aristote, la nature procède par un principe interne, organique, alors que l'imitation doit retrouver le même résultat par un principe externe. Cela requiert de l'habileté, de l'ingéniosité, que ce soit pour un portrait, pour l'imitation d'un chant d'oiseau ou pour la confection d'une fleur en tissu. Mais cette extériorité est peut-être la première source d'ennui : la nature imitée a beau être parfaite d'apparence, elle n'en reste pas moins morte inerte. Une partie de la beauté de la rose naturelle tient à son caractère éphémère ; la rose en plastique ou en tissu ne flétrit pas, reste toujours égale à elle-même. [...]
[...] Il procède a contrario, en commençant par étudier ce qu'apporte l'imitation de la nature. Il évoque très brièvement la joie que l'imitateur tire de son habileté, pour souligner puis expliquer l'aspect fugitif et décevant de cette joie : finalement, l'imitateur a produit, mais n'a pas créé. Hegel peut alors par contraste montrer en quoi réside la fonction la plus haute de l'art et de la technique aboutir à des créations portant la marque de la liberté et de l'esprit humains a. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture