La beauté artistique est pour Hegel l'expression sensible de quelque chose de spirituel. Cette thèse naît d'une relecture de l'esthétique platonicienne et d'une idée de l'art comme activité correspondant à un besoin de l'esprit.
La condamnation platonicienne de l'art était fondée sur l'idée que l'art, redoublant les apparences du monde sensible, est fauteur d'illusion. Cette idée enveloppe, aux yeux de Hegel, un double présupposé : que l'apparence, d'abord, est toujours illusoire, ensuite, et par conséquent, qu'il n'y a aucune différence de valeur entre les apparences sensibles et les apparences artistiques, sinon que celles-ci, imitant celles-là, sont encore plus éloignées de la vérité (...)
[...] Croire que l'art est imitation de la nature, c'est confondre le travail d'un artiste avec les tours d'un illusionniste. Aussi est-ce proposer à l'artiste un but non seulement inutile mais médiocre (médiocre parce qu'inutile). Des animaux critiques d'art ? Le peintre grec Zeuxis ou le naturaliste allemand Guillaume Büttner étaient fiers de leurs œuvres parce qu'elles avaient réussi à tromper même des animaux : y voir l'œuvre d'artistes authentiques, c'est faire des pigeons et des singes les guides les plus sûrs en matière d'art. [...]
[...] L'art dépassé L'art n'est pas l'expression la plus haute de l'esprit : il est, en ce sens dépassé, surpassé par la religion et la philosophie. Et si nous pouvons en prendre conscience, c'est parce que l'art est pour nous une chose du passé. Nous ne vénérons plus les œuvres d'art comme les expressions les plus hautes de l'esprit : elles s'offrent à nous dans nos musées, mais elles sont devenues ces voix du silence qu'évoque Malraux. L'œuvre d'art est donc incapable de satisfaire notre ultime besoin d'absolu. [...]
[...] Au contraire le pour-soi, désigne l'existence consciente d'elle- même. Les choses de la nature n'existent qu'en elles-mêmes, mais l'homme ne se borne pas à exister en soi : il se pense, se contemple, se représente lui-même Cette activité spirituelle et réflexive en fait un être pour soi. Art et conscience Autant l'existence en soi est immédiate ou donnée, autant la conscience de soi n'est pas spontanée. L'existence pour soi est un résultat auquel l'homme parvient de deux manières théoriquement et pratiquement. [...]
[...] L'art comme négation de la réalité sensible immédiate L'apparence du sensible est quelque chose d'abstrait qui ne conserve rien de la matérialité de la chose et qui, pour cette raison, s'adresse à l'esprit et non au corps, mais qui s'adresse à l'esprit de manière sensible. En ce sens, c'est bien son contenu spirituel, son idéalité qui définit l'art. Il se constitue par son détachement vis-à-vis de la nature dont il ne fait tout au plus à l'occasion que mimer les apparences, mais en les dénaturalisant, en les vidant de leur contenu empirique, naturel. [...]
[...] Parce qu'il est fondamentalement une transformation de la nature, l'art ne saurait en être une imitation. L'art est manifestation sensible d'un contenu spirituel, sensibilisation du spirituel, mais aussi bien transformation des apparences naturelles, spiritualisation du sensible. Le sensible spiritualisé Privilège de la beauté artistique Dès les premières lignes de son œuvre, Hegel exclut la beauté naturelle du champ de l'esthétique et s'en explique : seul à ses yeux le beau artistique peut faire l'objet d'une science, parce que seul il est quelque chose de spirituel, ce qui lui confère une valeur de beaucoup supérieure à la beauté naturelle. [...]
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