La guerre est une lutte armée opposant des États (ou des peuples) dans des combats dont l'objectif est d'imposer sa volonté à l'adversaire. Historiquement, elle s'est quasiment toujours traduite par un déchaînement de violences entre les acteurs impliqués, violences qui touchent, bien souvent, des innocents, des individus non directement responsables ou concernés par le litige (...)
[...] Comment fixer alors les limites de la guerre juste, et décider s'il y a ou non des guerres justes dans le contexte du droit positif ? Il nous faut d'abord définir la conception positiviste du droit : assimiler le droit au droit positif, c'est l'assimiler à l'ensemble des règles juridiques en vigueur à un endroit et en un instant donnés, c'est considérer que l'étude du droit doit se cantonner à l'étude des règles juridiques qui existent effectivement, et laisser de côté les jugements de valeur sur ce que le droit devrait être s'il était conforme à une justice absolue. [...]
[...] Les guerres dites préventives sont de celles-ci : préparer une agression contre un état en fonction des intentions qu'on lui connaît, est-ce s'apprêter à mener une guerre juste ? Peut-on parler de légitime défense préventive ? Dans la mesure où la juste cause exige une injustice de départ tangible, mener une guerre préventive revient à anticiper une attaque qui, si elle peut avoir lieu, peut aussi ne pas avoir lieu, en vertu d'un constat strictement logique qui fait que nous ne pouvons pas anticiper le futur de manière certaine. [...]
[...] Une première hypothèse serait de fonder le droit sur la morale : en effet, comment mieux qu'ainsi la législation de la guerre pourrait-elle s'appuyer sur sa moralisation ? Un droit naturel formalisé et sanctionné exclurait la critique de Hobbes disant qu'un droit naturel n'est pas un droit puisqu'il n'est pas sanctionné. On peut retrouver de cette hypothèse dans l'ouvrage Idée d'une histoire cosmopolitique de Kant : la société idéale vers laquelle on tend est pour lui une société dans laquelle la raison obligerait chaque législateur à faire ses lois de telle sorte qu'elles pourraient être issues de la volonté unie d'un peuple entier et à considérer chaque sujet, pour autant qu'il aspire à être citoyen, sur la base de la conformité à cette volonté Cependant, le droit international, même s'il découle, comme le contrat, d'un accord pathologiquement extorqué est suspendu à une raison commune, qui le précède chez Kant, mais qu'on peut aussi considérer comme produite. [...]
[...] Enfin, l'intention droite doit perpétuer la justice d'une guerre dans ses objectifs : le prince qui déclare la guerre en réponse à une injustice doit exclusivement poursuivre la paix, non des intérêts immoraux officieux. La doctrine de la guerre juste dépasse le cadre chrétien puisqu'on peut en trouver des traces dans des sociétés athées, polythéistes, etc. : par son instinct de survie, l'homme n'est pas naturellement belliciste et sa décision de partir en guerre, de menacer sa vie et celles des autres, se fonde sur sa raison, sur une réflexion qui justifie ce risque, ou du moins qui lui semble le justifier. [...]
[...] Une guerre n'est jamais juste sur le plan moral, aussi justes que soient sa cause et son titre, aussi droite que soit son intention. La guerre a finalement bien une réalité morale, reste à savoir comment lui donner un cadre légal. Le constat a été fait de l'extrême opposition entre une guerre toujours juste selon un droit positif et une guerre toujours injuste selon un droit naturel de portée morale. L'existence d'un droit international montre qu'un compromis est possible. Aussi, comment retrouver des principes moraux universels dans les guerres ? [...]
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