Dans ses Considérations sur la France, Joseph de Maistre affirmait en 1796 que la guerre est "l'état habituel du genre humain", et qu'elle pourrait en devenir un paradigme historique : "si l'on avait des tables de massacres comme on a des tables météorologiques, qui sait si l'on n'en découvrirait point la loi au bout de quelques siècles d'observation ?" Il n'en conclut pas pour autant que la guerre est un mauvais phénomène, néfaste au genre humain. Au contraire, il réaffirme que "le sang est l'engrais de cette plante qu'on appelle génie", faisant de la guerre une utile révélatrice de grands personnages et l'accoucheuse de puissantes nations.
Cette interrogation sur les bienfaits de la guerre est d'autant plus intéressante qu'elle contribue à rappeler que les "bonnes guerres" ne se définissent pas seulement par rapport à des critères d'ordre éthique mais aussi par rapport à une logique d'intérêt. La conception n'est pas sans rappeler celle que Machiavel inspiré par Tite-Live, rappelle à Laurent de Médicis dans Le Prince : "La guerre est juste, pour ceux à qui elle est nécessaire". Le juste est partial, et ce qui est bon est relatif, dépendant des avantages acquis ou espérés par les bénéficiaires.
Il n'en reste pas moins que l'existence potentielle de "bonnes guerres" demeure un enjeu bien réel aujourd'hui, tant le déclenchement même des conflits, voire leur conduite, exigent des discours de justification, et ce quelle que soit la nature du régime.
Les spéculations sur les bonnes guerres révèlent avant tout que les guerres servent des logiques d'intérêt qui font de l'homme le jouet de forces qui le dépassent. Le fait est que le concept de guerre contribuant à réguler l'ordre politique, il convient de l'encadrer pour le rendre le moins néfaste possible. (...)
[...] Si la guerre ne peut être bonne, et puisqu'il est difficile de l'éradiquer, il convient alors sans doute d'en limiter les effets pervers pour qu'elle soit menée en faisant, si l'on peut dire, le moins de mal possible. Puisque comme on l'a montré l'argumentation de la guerre juste, le jus ad bellum ne débouche pas sur la paix mais au contraire sur un risque d'embrasement général, le jus in bello devrait s'imposer. La conception n'est pas neuve : Grotius notamment dans son ouvrage De jure belli 9 Dissertation de Culture générale : Y a-t-il de bonnes guerres ? [...]
[...] Il existe au nom de l'éthique un droit d'assistance humanitaire qui justifie qu'on intervienne pour secourir les personnes en danger, quels que soient les dangers et les personnes, au nom du droit à la vie inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Ce devoir débouche sur un droit pour tous les humains d'être secourus. C'est dans cette perspective par exemple que le Conseil de sécurité de l'O.N.U. a adopté en 1991 la résolution 688 condamnant l'Irak. L'émoi provoqué dans les opinions publiques par la situation humanitaire au Kosovo a de fait contribué à justifier l'intervention militaire. On mesure combien la question se pose de savoir si on peut alors intervenir militairement pour rendre démocratique des régimes qui ne le sont pas. [...]
[...] Le film de Dalton Trumbo, Johnny s'en va-t-en guerre, expose la découverte progressive de sa terrible situation par un soldat réduit à l'état de tronc mais conservant son intelligence : les médecins s'efforcent de comprendre dans le plus grand secret comment un être humain réduit à un tel état peut être cliniquement en vie. La guerre va alors modifier l'idée d'humanité telle que la perspective humaniste s'est efforcée de la forger. Pour Kant, la perspective de la paix perpétuelle est 5 Dissertation de Culture générale : Y a-t-il de bonnes guerres ? nécessaire car sans cela, l'homme n'est pas en mesure de se conduire moralement. [...]
[...] Conclusion 1 Dissertation de Culture générale : Y a-t-il de bonnes guerres ? Sujet Y a-t-il de bonnes guerres ? Introduction Dans ses Considérations sur la France, Joseph de Maistre affirmait en 1796 que la guerre est l'état habituel du genre humain et qu'elle pourrait en devenir un paradigme historique : si l'on avait des tables de massacres comme on a des tables météorologiques, qui sait si l'on n'en découvrirait point la loi au bout de quelques siècles d'observation ? [...]
[...] Dissertation de Culture générale : Y a-t-il de bonnes guerres ? Y a-t-il de bonnes guerres ? Introduction I. Les spéculations sur les bonnes guerres révèlent avant tout que les guerres servent des logiques d'intérêt qui font de l'homme un objet instrumentalisé. A. En effet, si une guerre peut être considérée comme bonne, c'est uniquement du point de vue pragmatique de celui qui en tire avantage. B. Mais la guerre, évaluée comme juste ou bonne, fait toujours de l'homme le jouet de raisons qui le dépassent. [...]
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