guerre, grande protectrice de la civilisation, grandeur humaine, civilisation nihiliste, Homo Homini Lupus, guerre ennemie de la civilisation
« Homo Homini Lupus » : « L'homme est un loup pour l'homme », disait Hobbes. C'est une phrase qui est souvent utilisée pour décrire la nature égoïste, parfois cruelle de l'être humain envers ses congénères. Mais dans ce cas, d'où provient la société ? Dans ce texte, Alain explique que la société est basée sur l'échange des services de surveillance, et donc contient par conséquent une structure militaire. Mais cette structure militaire, à l'origine conçue pour détruire, peut renforcer les civilisations. Nous pouvons donc nous interroger sur l'apport de la guerre à la société. Que serait devenue l'humanité sans la guerre ? Se serait-elle enfermée dans un cérémonial ankylosé, frileux, inapte à une quelconque évolution ? Nietzsche le pense : sans la guerre, il n'y a rien à attendre de l'humanité. Bien plus, c'est du retour à la violence originelle que la civilisation tire son impulsion la plus forte. Mais alors, comment expliquer que le pouvoir militaire garantit le droit à la vie et aux autres droits fondamentaux ?
[...] L'humanité se doit de lutter contre son nihilisme en allant avec énergie au devant du grand sacrifice régénérateur de la guerre. La guerre est nécessaire, mais pas n'importe laquelle, pas une guerre téméraire se pensant déjà gagnée d'avance, fondée sur une illusion de toute puissance. - Le malheur qui s'est abattu sur Xerxès n'est pas celui de la guerre, mais celui de la présomption. Trop confiant en ses moyens des milliers de bras et de vaisseaux qui étaient ceux d'une armée sans aucune comparaison possible avec ce que l'antiquité avait déjà connue. [...]
[...] L'héroïsme silencieux de la victime : la guerre ennemie de la civilisation - Nietzsche ne se fait t'il pas inconsidérément l'avocat du diable ? Ne plaide t'il pas pour une politique du pire ? Car ce sang froid dans le meurtre uni à la bonne conscience n'apporterait que la perpétuation du crime contre l'homme avec une indifférence béate. Barbusse ne se contente pas de décrire la tragédie de la guerre mais montre que les héros sont en fait des bourreaux, laissant une blessure inguérissable et des hommes meurtris à jamais par l'absurdité de la destruction. [...]
[...] La guerre est-elle la grande protectrice de la civilisation ? Clausewitz, dans son livre De la guerre est le premier à relever que les composantes du génie militaire, l'ambition de l'honneur et de la gloire, relèvent de sentiments humains parmi les plus nobles. Quant à Eschyle, dans Les Perses il ne condamne pas tant la guerre que le peu de lucidité dont a fait preuve Xerxès en envoyant ses troupes au désastre, défiant les dieux. Tandis que les deux précédents auteurs ne mettent pas en cause directement la guerre, Henri Barbusse, dans son livre Le feu proclame que la guerre est inhumaine et relève de la déraison. [...]
[...] La guerre ne peut apporter la paix. Barbusse a raison de faire dire à un poilu anonyme que Si la guerre actuelle a fait avancer le progrès d'un pas, ses malheurs et ses tueries compteront pour peu. Il faut aussi renverser le raisonnement de Clausewitz et dire que la guerre n'est pas la politique par d'autres moyens mais le problème politique par excellence, ce qui expose la politique à la possibilité de sa destruction pure et simple en faisant taire la voix des persécutés dans le tumulte infernal des canons et des injonctions bellicistes. [...]
[...] Même les perses trouvent une certaine idée de grandeur dans la défaite. Est-ce ce que n'arrive pas à comprendre le soldat dans Barbusse qui met en avant que les hommes sont avant tout des maris et des pères et qu'ils n'ont pas à se traquer comme des bêtes, prônant cette idée utopique que la vie d'un être humain a la même valeur que celle d'un autre. Quant à Clausewitz, à nul moment il ne condamnerait la guerre, trop certain qu'il est d'y apercevoir autre chose qu'un passe-temps, un moyen sérieux en vue d'un but sérieux, un acte politique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture