Par définition, le goût est d'abord (c'est sa signification première) lié à un sens particulier : celui qui nous permet de discerner la saveur des aliments que nous mangeons. Dans ce cas précis, notre corps, par le biais des papilles gustatives situées sur la langue, transmet des informations à notre mental qui les analyse et les classe selon certaines catégories (sucré, salé, doux, amer, acide etc...). Dans tous les cas, nous parvenons à établir un jugement : après avoir goûté un aliment, nous pouvons déterminer si le goût de celui-ci est bon ou mauvais. Si par malheur nous goûtons un aliment mauvais, soit notre corps réagit, soit nous prenons la décision de le bannir.
Le goût est devenu ensuite, par extension, indissociable de l'esthétique. Dans sa nouvelle signification, le goût est donc une capacité distinctive de l'homme : c'est la faculté de juger un objet beau. Le goût peut quasiment être considéré comme synonyme de « bon goût » : le mauvais goût apparaît comme inconcevable. De plus, il est traditionnellement admis qu'on ne peut pas discuter des goûts et des couleurs : on doit respecter le goût de chacun en raison de la nature subjective de l'action de juger. (...)
[...] De même que pour les artistes, il semble que le mauvais goût soit devenu pour certains un réel choix. Par exemple, certains artistes autrefois mis au ban pour leurs défauts sont maintenant devenus à la mode. On peut par exemple penser à Ed Wood, considéré comme le pire réalisateur de tous les temps, notamment pour un film comme Plan 9 from Outer Space (des extraterrestres, inquiets de la bêtise humaine et de sa propension à tout détruire, tentent d'asservir l'espèce humaine en appliquant le Plan 9 : réveiller les morts pour mieux dominer les vivants), connaît aujourd'hui un grand succès. [...]
[...] Mais qu'en est-il du mauvais goût assumé ? Nous pouvons donc parfois considérer le mauvais goût comme un choix. Loin d'être un penchant inconscient, l'amour du mauvais goût peut être au contraire une réelle revendication culturelle, un jeu avec les codes préétablis du bon goût consensuel. Une des caractéristiques de l'art contemporain est de briser les codes établis par les académismes des périodes précédentes. Chez de nombreux artistes du vingtième siècle, on ressent cette volonté de choquer, de provoquer, qui peut parfois s'apparenter à du mauvais goût. [...]
[...] En effet, devant une performance telles que celles citées plus haut, nous ne restons jamais de marbre, hésitant entre fascination et dégoût. Pour conclure, nous pouvons donc dire qu'il est possible pour chacun de faire preuve de mauvais goût, mais qu'il est impossible de caractériser le mauvais goût de façon précise : il y a autant de mauvais goûts qu'il y a de goûts différents, et encore autant de façons différentes de l'expérimenter. [...]
[...] Le bon goût s'apparente au goût du beau. Or comment distinguer le Beau ? Il semble difficile de trouver des critères esthétiques universels, objectifs, acceptés par tous et à toutes époques. Un critère est ce qui permet de faire des distinctions entre les choses mais aussi ce qui permet de porter un jugement d'appréciation. Les critères esthétiques seraient donc ce qui permet de distinguer ce qui est beau, objectivement. Or, chaque époque a eu ses critères, ses canons esthétiques : par exemple, en ce qui concerne l'art, le critère de la beauté pendant l'Antiquité, était celui de la qualité de l'imitation, alors qu'aujourd'hui, c'est la qualité du discours, du concept sous-jacent, qui détermine la grandeur d'une œuvre. [...]
[...] Sous quels traits peut apparaître ce mauvais goût ? Cela peut d'abord être ce qui choque la beauté à laquelle nous avons été habitués. Notre société nous transmets des codes de la beauté traditionnelle (harmonie, grâce, élégance ) : le mauvais goût pourrait être par exemple représenté par quelqu'un qui s'habille avec des vêtements de couleurs différentes de la tête aux pieds, sans aucune harmonie, ou par un intérieur rempli de bibelot kitsch Le mauvais goût peut aussi s'exprimer par des propos déplacés ou vulgaires, par exemple des blagues racistes. [...]
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