Giorgio Agamben et la sécularisation

Résumé du document

Dans son enquête sur la généalogie du pouvoir, Agamben entend déceler dans la théologie chrétienne deux paradigmes qu'il revoit notamment à l'aune des travaux de Carl Schmitt en ce qui concerne la théologie politique (où la transcendance d'un Dieu unique fonde la transcendance du pouvoir souverain) et des travaux de Michel Foucault quant à la théologie économique (où le pouvoir prend la forme d'une oikonomia, c'est-à-dire d'une gouvernementalité et d'une biopolitique).

Agamben suppose donc que c'est la corrélation de ces deux paradigmes qui nous permet d'appréhender la machine gouvernementale occidentale : le paradigme théologico-politique énoncé clairement par Carl Schmitt en 1922 : « Tous les concepts prégnants de l'Etat moderne sont des concepts théologiques sécularisés », et le paradigme théologico-économique, qu'Agamben se donne pour tâche de développer, qui suppose que tous les concepts économiques constituent des concepts théologiques sécularisés (...)

Extraits

[...] Le plus important cependant, pour appréhender selon Agamben le processus de sécularisation de l'Etat et l'émergence du principe de gouvernementalité réside dans le concept d'oïkonomia. C'est chez Paul que l'on retrouve le terme d'oïkonomia pour la première fois dans la tradition chrétienne. L'oïkonomia peut être une tâche, une mission confiée qui consiste pour lui à annoncer l'Evangile mais peut aussi désigner une activité qui consiste pour le messie à achever la promesse de la rédemption[5]. Cependant, c'est avec Hyppolite et Tertullien que le terme d'oïkonomia est utilisé pour désigner l'articulation trinitaire de la vie divine. [...]

[...] Agamben suppose donc que c'est la corrélation de ces deux paradigmes qui nous permettent d'appréhender la machine gouvernementale occidentale : le paradigme théologico-politique énoncé clairement par Carl Schmitt en 1922 : Tous les concepts prégnants de l'Etat moderne sont des concepts théologiques sécularisés et le paradigme théologico-économique, qu'Agamben se donne pour tâche de développer, qui suppose que tous les concepts économiques constituent des concepts théologiques sécularisés. Alors que Weber insistait sur le désenchantement du monde, Schmitt au contraire insiste sur la permanence de la théologie qui ne cesse d'agir sur le monde. Ici Agamben suit Schmitt plutôt que Weber : Cela n'implique pas nécessairement une identité substantielle entre la théologie et la modernité, ni une identité parfaite de signification entre les concepts théologiques et les concepts politiques. [...]

[...] G.Hettlinger, Oxford, Clarendon Press cité par Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.105. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.108. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.186. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.208. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.362. Agamben, Le Règne et la Gloire, p.365. [...]

[...] Cité par Agamben dans Le Règne et la Gloire, p.33. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.34. Paul, Epître aux Ephésiens 9-10. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.71. Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire, p.84. Théodoret de Cyr, Eranistes, ed. [...]

[...] En effet, l anarchie, c est le désordre ; la polyarchie nt. En effet, l'anarchie, c'est le désordre ; la polyarchie c'est la guerre civile [stasiόdes], et ainsi le désordre. Les deux conduisent au même point : le désordre, et celui-ci mène à la ruine, car le désordre, c'est la préparation de la ruine. Nous, c'est la monarchie que nous honorons ; non pas une monarchie délimitée par une seule personne car il est possible que cette unique personne, se trouvant en guerre civile avec elle-même [stasiazon pros heauto], devienne multiple mais une monarchie constituée par l'égale dignité de nature, l'accord de volonté, l'identité du mouvement et le retour à l'unité de ceux qui viennent d'elle ce qui est impossible quand il s'agit de nature procrée ; de la sorte, même s'il y a différence au point de vue du nombre, il n'y du moins, pas coupure au point de vue de la substance. [...]