Etudiante en ethnologie à la Sorbonne, ayant comme professeur Marcel Mauss et Louis Massignon (ses années d'études sont particulièrement bien décrites dans la biographie rédigée par Jean Lacouture, ce qui nous permet de comprendre combien sa formation universitaire a orienté par la suite toutes ses actions, toutes ses réflexions, tous ses combats, notamment au travers d'une incessante exigence éthique qui ne fait que rappeler la rigueur intellectuelle nécessitée par l'ethnologie), on lui propose d'aller en mission dans l'Aurès.
Elle y part pour la première fois en 1934 et est donc amenée à passer l'essentiel des années trente dans cette région, son terrain d'étude de prédilection. Elle y mène quatre missions scientifiques consécutives : les deux premières entre 1934 et 1938, grâce à une bourse octroyée par l'International African Institute de Londres ; la troisième et la quatrième en 1939 et 1949 lui ont été confiées par le Centre national de recherche scientifique (CNRS). Lors de ces séjours elle accumule des quantités de notes et d'analyses sur l'ethnie berbère des Chaouïas en vue d'une thèse. Elle vit au milieu des villages de Chaouia, parfaitement ignorés des autorités françaises en Algérie et qui ne connaissent ni routes, ni écoles, ni médecins.
[...] Au cours de ce même été 1940, Germaine Tillion retrouve ses amis du Musée de l'Homme : Yvonne Odon et surtout Boris Vildé qui devînt rapidement la tête pensante de l'entreprise qui va s'élaborer par la suite (surtout dans la mise en place de secteurs d'informations, via différentes filières, en direction de Londres, donc dans le domine du renseignement). Il apparaît aujourd'hui encore difficile de préciser le rôle et l'action de Germaine Tillion dans cette histoire singulière. Et cela pour de multiples raisons. Tout d'abord la répression. [...]
[...] Elle se place au-dessus d'une condition où la nature l'a aliénée plus que l'homme. Et jamais n'apparaît dans le devenir l'harmonieuse conclusion du couple retrouvé. C'est là une des grandes failles d'une certaine ethnologie. Penchée sur le passé comme un auteur de science-fiction sur le futur, l'ethnographe n'est pas lucide, mais bien tiraillée par cette nouvelle forme de recherche qui se charge de tout le poids obsessionnel de l'humanité. C'est pourquoi les démarches de Marguerite Mead restent passionnantes car ses références viennent d'un milieu vivant. [...]
[...] Germaine Tillion aurait gagné, par exemple, à vivre dans certaines tribus marocaines encore vierges, étrangères à la civilisation moderne. C'est sur ce plan qu'auraient pu apparaître les données permanentes pour atteindre d'autres paliers. Elle aurait vu par exemple chez les Aït- Hadiddous l'importance du rôle de la femme et sa liberté dans le choix d'un compagnon, etc . [...]
[...] De même, elle note le fait que les femmes musulmanes ne se voilent que lorsqu'elles habitent une ville (le risque de contact avec les étrangers y est important) alors que les femmes des campagnes circulent à visage découvert. - une critique (parmi tant d'autres rédigée à l'époque) Souffles numéro quatrième trimestre 1966 Jeanne-Paule Fabre : Réflexions sur une bibliographie de la femme maghrébine pp. 41-44 Avec les tics de l'ethnographe attristante, Germaine Tillion dans "Le harem et les cousins" love le problème autour du berceau méditerranéen, socle rose sur un néolithique encore imperméable aux nouvelles structures de sociétés plus libérales (bien que stratifiées par trois causes méditerranéennes : droit romain, code Napoléon, et catholicisme). [...]
[...] Coll. Points essais - La Traversée du mal, entretiens avec Jean Lacouture, Paris, Arléa - Il était une fois l'ethnographie, Paris, Le Seuil - A la recherche du vrai et du juste, préface de Tzvetan Todorov, Paris, Seuil Des mille et une vies de Germaine Tillion Le titre de son dernier ouvrage, À la recherche vrai et du juste, récit autobiographique, témoigne bien des deux seuls principes qui ont présidé à la conduite de vie de Germaine Tillion. Jean Lacouture parle, à ce titre, humanisme inflexible L'expérience de Germaine Tillion, s'incarne dans la traversée des extrêmes, de la douleur humaine et des choix, toujours justes, qu'elle a été amenée à faire, que ce soit au moment d'entrer dans la résistance ou à celui de dénoncer la torture lors de la guerre d'Algérie. [...]
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