La publicité comme fondement de la sphère public bourgeoise. Le capitalisme et la naissance d'une classe en conflit avec l'Etat. L'institutionnalisation de lieux de débat. L'opinion comme expression de la rationalité. Ambiguïtés et retournement de l'espace publique bourgeois : ouvertures vers ses changements contemporains. La dimension sociale de l'Aufklärung : une lecture de Kant. La fiction de l'identité intérêt de classe/intérêt général : une lecture de Hegel et de Marx. Le développement de la publicité et le risque du conformisme : une lecture de Toqueville
[...] Elle recouvre en fait à ses yeux de multiples jugements empiriques. L'unité de l'opinion publique est détruite et celle ci est ramenée à pure subjectivité. Sans sphère publique, les inégalités de nature sont simplement transformées en inégalités d'aptitudes, tout aussi indépassables. Cet éclatement des jugements individuels fait cependant peser une menace d'anarchie. C'est désormais l'Etat qui va devenir la sphère dans laquelle s'agrègent les jugements individuels, garantissant l'harmonie des consciences par sa seule existence. La classe bourgeoise elle-même aux yeux de Hegel n'a pas suffisamment d'unité pour se donner l'objectif commun d'émancipation du pouvoir. [...]
[...] Surtout, il renverse le rôle de la critique contre ses propres fondements, c'est à dire contre le régime de propriété bourgeois. La liberté de l ‘homme renvoi désormais à sa fonction de citoyen, et ne réside plus dans la possession ou non d'un patrimoine. Si Habermas observe que l'évolution historique, avec l'acquisition progressive d'une égalité des droits politiques va plutôt dans le sens d'une idée bourgeoise d'une philosophie de l'histoire par le progrès, le détour par ces deux auteurs était nécessaire pour identifier un certain nombre de caractère de l'espace publique bourgeois, notamment sa contradiction centrale au discours de la bourgeoisie sur elle-même : la coïncidence qui existe entre la sélection par la propriété et celle par la lecture ou l'écriture. [...]
[...] Au total, le pouvoir absolu du souverain monarchique se retourne, du fait de la publicité rationnellement orientée contre le souverain même. Habermas distingue ici donc Locke et Montesquieu pour lesquels la rationalité des Lois doit conduire à la réalisation de la justice, à Hobbes, dont le Leviathan reste davantage marqué par une domination absolue de type féodale. L'opinion, cette sphère publique politiquement orientée, est au total le moyen pour une classe de se médiatiser pour obtenir un pouvoir de ou sur l'Etat. [...]
[...] La publicité est un moyen dans ce cadre de rendre justice et politique compatible en soumettant la constitution des pays au jugement de la raison pratique. Le règne des Lois se substitue à la Loi naturelle de la domination, transformant la politique en une morale. Le problème est que Kant voit clairement à quel point cette opinion correspond à une minorité. Il résout la contradiction par le recours à la propriété, à la manière des grecs anciens, celle ci étant seule à même de garantir l'indépendance matérielle nécessaire à l'exercice de la raison pour défendre la sphère publique naissante. [...]
[...] Celui ci est brisé par l'absence évidente des conditions sociales d'égalité d'accès à cette sphère publique. La propriété en outre est définie par Marx comme un fondement de l'esclavage du bourgeois au processus d'accumulation du capital, rejetant la définition de la liberté hors du champ de l'économie. Il en résulte que l'existence d'une sphère publique bourgeoise comme élément libérateur de la domination traditionnelle n'est en fait qu'une idéologie, servant à masquer l'établissement d'une nouvelle domination de l'homme sur l'homme. Il y a la volonté de plaquer un mode d'organisation du pouvoir sur une réalité sociale incompatible avec celle ci. [...]
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