Le développement de tout être passe par des étapes successives tout au long de sa vie. L'âge est la forme biologique sans doute la plus visible de cette évolution. Mais les âges de la vie suffisent-ils à définir les générations ? En effet, si cette notion s'avère incontournable, elle se montre insuffisante pour cerner ce qu'est une génération, qui propose à ceux qui la composent bien plus que le simple hasard d'être nés au même moment.
La notion d'âge s'avère essentielle car elle est une donnée biologique inéluctable. Tout être vivant se trouve confronté, dès sa naissance, à une série d'évolutions, de modifications, de changements physiologiques nettement identifiables. On distingue en général trois périodes : la croissance, la maturité et la vieillesse (...)
[...] On peut dire alors que le terme de génération ne s'envisage qu'au pluriel : les générations se succèdent comme une série de chaînons et ne se construisent que par réaction aux autres. Ainsi, la génération 68 enclenche une révolution sexuelle qui va donner aux femmes la maîtrise de leur vie privée et professionnelle. L'augmentation significative de l'emploi des femmes apparaît comme une profonde remise en cause des valeurs de la génération précédente. De même, la génération Internet est porteuse de nouvelles valeurs : la communication mondiale et l'expression personnelle sur le réseau. Ce foisonnement des valeurs n'est pas sans poser problème. [...]
[...] Pour conclure, nous avons vu que la notion d'âge est capitale pour définir une génération : elle est une donnée biologique à laquelle nul n'échappe, elle offre un classement social source d'équilibre, elle propose une lecture symbolique de la vie. Mais la distinction en âges n'est pas la seule dimension à prendre en compte pour définir une génération. Une génération offre une histoire à partager, des valeurs à élaborer ensemble, sans pour autant oublier que toute génération se compose d'individus qui revendiquent leur individualité, leur spécificité. [...]
[...] Cette donnée incontournable ne suffit cependant pas à définir une génération. D'autres composantes doivent être prises en compte. Une génération se définit avant tout par sa dimension historique, c'est-à-dire qu'elle concerne un ensemble de personnes qui vivent les mêmes événements. D'après le sociologue B. Préel, c'est vers l'âge de 20 ans qu'une génération rencontre l'histoire, au moment où les individus sont les plus réceptifs et où ils opèrent des choix de vie. Ainsi, on a pu parler de la génération des années folles pour désigner les individus nés entre 1905 et 1915, ou de celle du krach pour parler de ceux nés entre 1915 et 1925. [...]
[...] Et chaque passage d'une tranche d'âge à une autre s'effectue par des rites de passage. On trouve encore trace de ces phases dans nos sociétés contemporaines, même si les rites pour passer d'un âge à l'autre sont nettement moins marqués qu'autrefois. Ainsi, on peut remarquer que subsistent des temps forts, encore aujourd'hui : 18 ans est l'âge du bac, du droit de vote et du permis de conduire, et la retraite annonce un bouleversement du statut social, du mode de vie, des relations. [...]
[...] Ce qui d'une certaine façon assure le renouvellement de la civilisation. Cependant, rassembler toute une classe d'âge sous les mêmes valeurs est extrêmement réducteur et conduit à une vision erronée de la société. D'abord, une génération est constituée d'individus différents, de personnalités singulières, irréductibles à une collectivité uniforme. Comment pourraient-ils partager toutes les valeurs d'une époque ? Ou alors, ce serait affirmer qu'il y a une fatalité et qu'en quelque sorte, nul n'échappe à son époque. Cette réflexion est particulièrement visible dans le monde artistique : les créateurs affirment leur individualité et leur propre vision du monde. [...]
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