Ce qui caractérise l'opinion pour Bachelard est ce qu'elle fait, et non ce qu'elle est. Il ne la définit pas mais la pose en l'opposant à la science. Que fait-elle précisément ? Elle interdit de réfléchir, fait obstacle au savoir et doit donc être rejetée purement et simplement Mais il y a une progression qui nous permet de comprendre en quoi réside l'obstacle de l'opinion et pourquoi il est le premier (...)
[...] Le scientifique ne doit-il pas toujours être utile ? Mais qu'est-ce que l'utile si ce n'est, finalement, ce qui s'efface et disparaît dans l'usage immédiat ? La science s'essoufflerait en vain dans l'opinion. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. Pour Bachelard, opiner se ramène à une sorte d'échange superficiel, réduit au oui/non, car désigner ce n'est ni montrer, faire voir, encore moins démontrer, faire savoir. C'est rester à l'extérieur et ne saisir que l'utile immédiat. [...]
[...] Bachelard développe une rencontre possible. S'agit-il alors d'une concession ? S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion en droit, toujours tort. Ce point de rencontre entre l'opinion & la science est l'énoncé reçu cad le résultat, mais c'est en réalité dans l'esprit lui-même que se trouve l'obstacle car l'opinion n'est pas en dehors de moi : elle est en moi. Toutefois, il y a un malentendu à éviter, car même si les deux se rencontrent, c'est pour des raisons Les raisons de l'opinion ne sont pas celles de la science. [...]
[...] D'où : pense pas : ai-je besoin de penser pour donner mon avis ? Si je réponds, c'est immédiatement, sans avoir réfléchi. Si, par contre, j'ai pensé avant, si j'ai délibéré, mon idée est réfléchie, raisonnée, elle n'est plus immédiate : elle n'est déjà plus une opinion ponctuelle & inconsistante mais un avis réfléchi. Que fait l'opinion quand elle répond immédiatement, réagit sans se soucier d'agir car réagir n'est pas agir ni même de penser ? Deux points : explication, elle . [...]
[...] En effet, on ne s'interroge pas sur ce qui est véritablement utile, car pour cela il faudrait pousser l'examen. L'utile de maintenant n'est peut-être l'utile de plus tard. En posant ainsi l'utilité immédiate et irréfléchie de ce qui nous sert pour le moment, il est clair qu'on s'interdit soi-même de le connaître plus avant. Aussi l'obstacle n'est-il pas extérieur à l'esprit. Il correspond, en nous, à une nature toujours pressée d'en finir, pour passer à autre chose et qui par prévention & précipitation nous barre l'accès des objets. [...]
[...] On en arrive ainsi à la démarcation de l'esprit scientifique. (2. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et ( ) les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est ( ) ce sens du problème qui donne la marque ( ) scientifique. Non poser les bonnes questions ou les vrais problèmes, car les problèmes n'existent pas en soi, mais seulement en relation à un esprit qui les pose. L'esprit est le problème et le problème est l'esprit lui-même en train de s'exercer. [...]
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