La réalité contraignante du travail peut suggérer que l'homme ne fait que "gagner sa vie" en travaillant et donc qu'il perd plus qu'il ne gagne en échangeant ses efforts et son temps contre le simple droit de vivre. D'un autre côté, que serait l'homme sans travail ? Accéderait-il véritablement à l'humanité, quand on sait que le travail est ce qui inscrit l'homme dans la culture ? Le problème est donc de déterminer à quelles conditions le travail est humanisant pour l'homme et si parler en termes de gain à propos du travail suffit à rendre compte de ce qui semble à ce point essentiel pour l'homme. Si le travail humanise l'homme à certaines conditions, peut-on dire que cette humanité "se gagne" ? Ne fait-il pas préciser le sens du mot gain ?
[...] Que gagnons-nous à travailler? La réalité contraignante du travail peut suggérer que l'homme ne fait que "gagner sa vie" en travaillant et donc qu'il perd plus qu'il ne gagne en échangeant ses efforts et son temps contre le simple droit de vivre. D'un autre côté, que serait l'homme sans travail? Accéderait-il véritablement à l'humanité, quand on sait que le travail est ce qui inscrit l'homme dans la culture? Le problème est donc de déterminer à quelles conditions le travail est humanisant pour l'homme et si parler en terme de gain à propos du travail suffit à rendre compte de ce qui semble à ce point essentiel pour l'homme. [...]
[...] En cela, il ne gagnerait rien à travailler en comparaison des animaux qui peuvent vivre sans travailler. Le travail ne serait que le moyen de combler un manque, de compenser une imperfection, et, de ce fait, "n'ajouterait" rien au simple fait de vivre, le rendant seulement "possible". De même, le travail serait aliénant (du latin alius, "autre"), au sens où, pris dans le système des échanges, il deviendrait l'instrument de domination des uns sur les autres, comme le suggère Marx. [...]
[...] Il y a des conditions spéciales pour un travail ou l'on gagnerait son humanité. Malgré ses formes aliénées, le travail se définit comme ce qui inscrit l'homme positivement dans la culture, le distinguant de l'animal par la transformation qu'il rend possible et variée (libre) de la nature. En travaillant, l'homme s'arrache au règne de la nécessité et du besoin. Il devient capable de maîtriser la nature et de satisfaire des "désirs". La liberté qu'il perd en travaillant lui fait gagner une liberté d'autant plus grande. [...]
[...] D'un côté, la question "Que gagne-t-on? " peut signifier "Quel profit y a-t-il à . " et ici on veut que le travail rapporte plus qu'il ne coûte, tel un ticket gagnant de loterie, coûtant peu mais rapportant beaucoup. D'un autre côté, dire d'une chose qu'elle "se gagne" signifie qu'elle "se mérite" et qu'elle ne s'obtient qu'après des efforts coûteux, au moins équivalents au bien obtenu. Dans un cas, le mot gain a un sens plutôt péjoratif, signalant une démarche intéressée ("âpre" au gain), et, dans l'autre, un sens plus positif, désignant une démarche méritante et coûteuse, voire désintéressée. [...]
[...] Il ne gagne pas son humanité en ne faisant rien; il ne s'agit donc pas d'un gain sans investissement mais d'un gain mesuré par rapport à tout ce qui peut sembler justement perdu ou par rapport à tout ce qui risque d'être perdu dans le travail, sachant que le travail humain est toujours soumis à une forme d'aliénation possible. Reste à définir tout ce que l'homme "gagne" ainsi à travailler, dans cette forme méritante d'échanges. Il y gagne, par les obligations qu'il s'impose, de nombreux droits ainsi que son élévation morale. En travaillant, l'homme obtient le droit de vivre dignement, à la fois en développant en lui tout ce qu'il a d'humain (corps et esprit) et en se montrant capable d'oeuvrer pour autrui. [...]
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