Dans Colline de Giono, la répétition de mauvais présages – fontaine tarie, maladie de Marie, incendie de la forêt – pousse la communauté villageoise à croire que le sourcier Janet est un sorcier qu'il faut tuer. D'emblée, la croyance apparaît donc comme une faiblesse théorique, un défaut de savoir, une absence de preuve véritable. Mais, la croyance apparaît aussi comme une force pratique, en l'occurrence ici dangereuse, qui se propage et pousse à l'agir.
L'ambiguïté originelle de la croyance est l'énigme du tenir-pour-vrai. La croyance exerce une force, dont la force résulte de sa faiblesse, qui contraint (qui force!) l'homme à croire en lui retirant toute résistance. Il s'agit donc de résister à la force de la croyance. Mais, la croyance est une force en soi qui pousse l'homme à la recherche et à l'agir. Il faut donc se laisser entraîner par la force de la croyance. Mais alors, pouvons-nous et devons-nous résister à la force de la croyance?
L'enjeu de notre parcours est de déterminer le degré de résistance théorique et pratique que l'homme rationnel et libre doit exercer sur la force de la croyance.
[...] Il s'agit donc de résister à la force de la croyance par la force de la raison. Mais, la faiblesse de la raison est de ne croire qu'en la raison: le scientisme scientifique croyait que la progression scientifique apporterait le progrès moral. La force de la croyance se manifeste même dans la critique de la croyance par la raison. Dans Madame Bovary de Balzac, le pharmacien Homais croit fanatiquement en la toute puissance de la raison et de la science. Mais alors, pouvons-nous résister à la force de la croyance? [...]
[...] Dans Don Juan de Molière, le mécréant Don Juan fait croire à Charlotte qu'il veut l'épouser. La force de la croyance est de manipuler et de persuader les naïfs prêts à croire la rhétorique des Sophistes. La force de la croyance est aussi de protéger contre la souffrance. L'auto-aveuglement de Done Elvire est une protection psychologique: elle ne veut pas croire que Don Juan ne l'aime plus et se donne à croire qu'il l'aime encore. Enfin, la force de la croyance pousse à l'aliénation. [...]
[...] La force de la croyance est de mettre en mouvement. D'abord, la force de la croyance est de pousser à la recherche théorique. En effet, la philosophia, amour de la sagesse, est recherche de la vérité et donc foi rationnelle en la vérité. Platon utilise la force de la croyance pour fonder la science. Le mythe platonicien a une fonction palliative puisqu'il donne à croire ce qui ne se voit pas, et épistémique puisqu'il fonde ce qui ne se démontre pas: il s'agit de croire au monde des Idées guidé par l'Idée du Bien, l'Un du monde intelligible. [...]
[...] L'ambiguïté originelle de la croyance est l'énigme du tenir-pour- vrai. La croyance exerce une force, dont la force résulte de sa faiblesse, qui contraint (qui force!) l'homme à croire en lui retirant toute résistance. Il s'agit donc de résister à la force de la croyance. Mais, la croyance est une force en soi qui pousse l'homme à la recherche et à l'agir. Il faut donc se laisser entraîner par la force de la croyance. Mais alors, pouvons-nous et devons-nous résister à la force de la croyance? [...]
[...] Plus encore, la croyance-foi en Dieu (le moteur de la croyance!), en l'immortalité de l'âme et en la liberté, n'est-elle pas propice en la morale? Enfin, la force de la croyance est d'être le moteur de la vie. La force de la croyance est de pousser à l'engagement: être un citoyen cosmopolite suppose de croire en un idéal de paix perpétuelle et de militer pour la paix effective. Au-delà de l'engagement politique, la force de la croyance est d'engager l'homme dans la vie. La croyance est nécessaire à la vie. [...]
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