Fondements de la Métaphysique des moeurs, Kant, action, devoir, bonheur, raison humaine, connaissance morale, Socrate, philosophie
De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ. En effet, toutes les autres dispositions du tempérament, comme l'intelligence, le courage, la persévérance, etc., peuvent être utilisées tant à bon qu'à mauvais escient par l'homme dans son caractère (= ce que l'homme fait de lui-même). Il en va de même de tous les dons de la fortune, qui forme ce qu'on appelle le bonheur, telles la richesse ou la santé, qui, sans bonne volonté de sa part, pervertissent l'homme qui en jouit ; en outre, on ne saurait être satisfait de voir que tout réussit à une personne sans bonne volonté.
[...] De même, si quelqu'un est bienfaisant par inclination, parce que bien agir lui procure quelques satisfactions intimes, ses bonnes actions, bien qu'apparemment conformes au devoir, ne peuvent pas être dites accomplies par devoir. Mais si ce philanthrope subit un chagrin qui étouffe en lui toute sympathie naturelle, et qu'il continue malgré son défaut d'inclination au bien à bien agir, alors son action aura été effectuée par devoir. Ainsi donc, accomplir une action par devoir est de la valeur « incomparablement la plus haute ». Cela ne veut pas dire que ce qu'une action faite sans joie, et seulement comme une corvée est accomplie par devoir : de tels actes n'ont aucune valeur interne (V. [...]
[...] L'action, pour avoir une valeur morale, doit non seulement être conforme au devoir, mais encore être accomplie par devoir (Première proposition). II- Seconde proposition action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée ; elle ne dépend donc pas de la réalité de l'objet de son action, mais uniquement du principe de vouloir d'après lequel l'action est produite sans égard à aucun des objets de la faculté de désirer ». [...]
[...] On pose pour principe que chez tous les êtres vivants, chaque organe a une fin propre à laquelle il est le plus accommodé. Aussi, la nature aurait bien mal fait son travail en donnant à la raison gouvernant la volonté l'objectif de rendre l'homme heureux : l'instinct seul aurait été plus approprié à cette tâche, et si quelques raisons avaient accompagné cet instinct, elle n'aurait servi qu'à pouvoir constater et louer le bonheur. La nature aurait empêché que la raison ne versât dans un usage pratique, car une raison cultivée est dans la vie beaucoup moins heureuse qu'une raison en friche. [...]
[...] C'est pourquoi il convient d'examiner, plutôt que le concept de volonté bonne, celui de DEVOIR, qui contient le concept de bonne volonté assorti de ces limites et obstacles. Laissons de côté les actions qui sont a priori reconnues contraires au devoir : on sait d'emblée qu'elles ne peuvent être effectuées selon lui. Laissons également de côté les actions « réellement conformes au devoir, pour lesquelles les hommes n'ont aucune inclination immédiate », mais qu'ils accomplissent parce qu'une autre inclination les y pousse. [...]
[...] Ainsi donc, la raison n'est pas capable de gouverner la volonté pour l'amener à satisfaire ses besoins. Néanmoins, comme la nature a assigné une fin à la raison, comme à tous les organes, et que la raison est la puissance pratique influant sur la volonté, c'est cette volonté, bonne au demeurant, qui est sa fin : faut que sa vraie destination soit de produire une volonté bonne, non pas comme moyen en vue de quelque autre fin, mais bonne en soi-même ». [...]
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