Dans la société antique, l'action, disposition de moyens en vue d'une fin visant à introduire un certain changement dans le monde, est pensée par opposition à la contemplation. En effet, on parle de vita activa et de vita contemplativa. La vita contemplativa étant la vie orientée vers la pensée pure, détournée du politique et de la vie sociale alors que la vita activa est la vie tournée vers le monde humain, où l'homme investit son énergie intellectuelle. Cette opposition structure donc l'agir antique, mais peut-elle être transposée dans la société moderne ? Non, et c'est ce qui semble poser problème au moment de déterminer les fondements de l'agir moderne. En effet, l'homme moderne est fasciné par l'action ; la pensée est donc elle-même tournée vers le monde. Par exemple, la science, purement théorique et tournée vers l'Être chez les Anciens, est encore liée à une certaine forme d'action chez les Modernes. La science sert à l'utilité collective, elle doit agir sur la nature ; Heidegger parle même de la technique comme le cœur de la science d'aujourd'hui ! Pourquoi alors l'action est-elle largement valorisée dans la société moderne ? Qu'est-ce qui fait la spécificité de l'agir moderne ?
[...] Non, et c'est ce qui semble poser problème au moment de déterminer les fondements de l'agir moderne. En effet, l'homme moderne est fasciné par l'action ; la pensée est donc elle- même tournée vers le monde. Par exemple, la science, purement théorique et tournée vers l'Être chez les Anciens, est encore liée à une certaine forme d'action chez les Modernes. La science sert à l'utilité collective, elle doit agir sur la nature ; Heidegger parle même de la technique comme le cœur de la science d'aujourd'hui ! [...]
[...] D'abord, la science repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats. A quoi reconnaît-on qu'une connaissance est scientifique ? A la possibilité de la contrôler par des faits. Or ce critère moderne est en totale contradiction avec l'antique puisque cela impliquerait que la philosophie ne soit pas une science. Mais point plus important est le statut de la science aujourd'hui. En effet, la science doit servir l'intérêt collectif. Si elle n'est pas utile à la société, elle est reléguée, cela témoigne de l'utilitarisme moderne. [...]
[...] De même, Smith élabore des théories telles que celle de la division du travail pour mettre en place une société moderne mieux organisée et plus équilibrée. Le danger des sociétés modernes est donc de devenir de pures sociétés de consommation et par là de ne plus reconnaître leur futilité. Il faut également craindre le dépérissement du domaine public, comme Marx l'avait prédis, car, étant délivrées du travail, les hommes socialisés emploient leurs loisirs à ces activités privées et essentiellement hors-du- monde appelés passe-temps En effet, comme le loisir moderne consiste en une rupture totale avec le travail et que le travail est une activité vitale, du-monde, l'homme qui s'y adonne se coupe du monde. [...]
[...] En plus de ce savoir métaphysique, les philosophes posséderaient des compétences intellectuelles comme la sagesse, la prudence Par conséquent, Platon estime que la Cité devrait être gouvernée, non pas par ceux qui ignorent tout de l'Etre, comme c'est le cas, mais par les philosophes. En revanche, l'expérience moderne est celle de la séparation de l'homme et de l'Etre. Pourtant, dans la société moderne, cet idéal régulateur platonicien ne semble-t-il pas avoir triomphé ? L'Etat moderne n'est-il pas incapable de se passer de compétences en très grand nombre ? [...]
[...] Un des fondements de l'agir moderne semble donc être cet avilissement de la science à l'utilité, à la production. La science n'est plus ce savoir supérieur qui devait guider la Cité, il n'est plus tourné vers la recherche de l'Etre. Les rôles se sont inversés et c'est maintenant la science qui doit servir à la Cité On peut donc s'interroger sur la place centrale que la technique tient dans l'agir moderne. En effet, en quel sens la technique affecte-t-elle la nature de notre agir et le rend-elle différent de ce qu'il était dans le temps ? [...]
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